
Au Brésil, le gouvernement de l’État de Rio veut en finir avec la violence dans les favelas. Des unités de police spécialisées sont chargées de reprendre le contrôle des quartiers tenus par les trafiquants. L’enjeu est de taille car le pays s’apprête à accueillir la prochaine Coupe du monde de football.
Mangueira, Rocinha, Providencia, Cidade de deus, Jacarezinho… Il y a en presque mille dans toute la ville. A Rio, les favelas font partie du décor. Toutes ont leurs équipes de football, leurs associations d’habitants, mais aussi leurs bandes de narcotrafiquants. Trois factions se disputent territoires, trafic et "bocas de fogo", les points de revente de drogue : le commando Vermelho, les Amis des Amis et le 3ème commando.
Ces groupes armés décident de tout, ou presque, dans les favelas. De la gestion du réseau – parallèle – de télévision par câble, aux horaires de circulation de certains bus. Alors ceux qui ne marchent pas dans les clous, encourent une peine du "tribunal du trafic". De l'expulsion de la favela à la condamnation à mort par "micro-ondes" : brûlé vif, prisonnier d’une colonne de pneus…
Depuis 2009, le gouvernement de l’État de Rio de Janeiro entend récupérer le contrôle des territoires abandonnés. Après des années de confrontation violente et stérile avec les narcotrafiquants, l'aménagement des favelas est devenu une priorité. Un processus accéléré à l’approche de la Coupe du Monde de 2014 et des Jeux Olympiques de 2016.
Prenant pour modèle Rudolph Giuliani, l’ancien maire de New York, dont la tolérance zéro en matière de criminalité aurait "assaini" Big Apple, le gouverneur de l’État de Rio de Janeiro, Sergio Cabral, a développé un programme d’occupation permanente des favelas. Cette nouvelle politique de sécurité se résume en trois lettres : UPP, pour Unité de Police Pacificatrice. Des sortes de postes avancés de la police militaire, installés en permanence dans certaines favelas, choisies pour leur importance stratégique dans la ville.
L’objectif premier de ces unités est l’expulsion des organisations criminelles des favelas. Il s’agit de les empêcher de revenir grâce à la présence ostensible de la police militaire, à la création de liens de confiance avec la population, à la mise en place de cours à l’intérieur même de l’UPP, et à l’arrivée de services publics et privés dans ces communautés.
Une 17ème UPP vient d’être implantée dans la favela de Sao Carlos. Mais le projet est d’installer 40 unités dans tout Rio avant 2014. De l’assaut du BOPE - les troupes de police d’élite - dans la favela, à l’inauguration de l’UPP, le processus de "pacification" prend du temps et nécessite de gros moyens. L’effectif de la police militaire devrait augmenter pour passer de 32 000 policiers actuellement, à 64 000.
Mais à Rio de Janeiro, les retombées économiques de la "pacification" sont immédiates. Dans les quartiers proches des favelas pacifiées, les prix de l’immobilier flambent. Et avec près d’un million d’habitants, les mille favelas de la ville, représentent aussi un gigantesque réservoir de consommateurs.