Après les Bourses asiatiques qui ont clôturé en baisse, les places financières européennes ont ouvert dans le rouge, ce vendredi, et continuent de creuser leurs pertes. Jeudi déjà, les marchés mondiaux avaient connu une journée noire.
AFP - Les Bourses mondiales plongeaient encore vendredi, au lendemain d'une journée noire, les investisseurs entrevoyant le spectre d'une récession aux Etats-Unis et en zone euro et craignant un tarissement des liquidités des banques européennes.
"Les investisseurs se montrent de plus en plus convaincus que le ralentissement de l'économie mondiale est plus fort et plus durable qu'ils le pensaient jusque-là", a souligné Christian Parisot, économiste chez le courtier Aurel BGC.
Les mauvaises nouvelles aux Etats-Unis, première économie mondiale, se sont multipliées ces derniers jours: l'immobilier ne redémarre pas, le chômage repart à la hausse et l'activité manufacturière est faible.
En Europe, le mini-sommet franco-allemand de mardi, destiné à apaiser les marchés concernant la zone euro, n'a pas eu les effets escomptés.
La banque Morgan Stanley a renforcé les doutes sur la vigueur de l'économie mondiale jeudi, en revoyant à la baisse ses prévisions de croissance pour 2011 et 2012.
Ses analystes ont même fait valoir qu'ils jugeaient "les économies des Etats-Unis et de l'Europe dangereusement proches de la récession".
Du coup, les Bourses étaient encore malmenées vendredi: vers 10H00 GMT, Paris cédait 3,05%, Francfort 3,49%, Londres 2,32%, Madrid 2,35% et Milan 2,28%.
Wall Street avait clôturé en nette baisse jeudi: le Dow Jones a lâché 3,68% et le Nasdaq 5,22%.
Signe des inquiétudes liées à l'économie mondiale, les valeurs cycliques -- sensibles à la conjoncture -- reculaient, à l'image d'ArcelorMittal (-3,92%) ou de BMW (-4,13%).
Les doutes sur la capacité des banques européennes à se refinancer continuaient également de peser très lourdement sur les échanges.
A Paris, Société Générale, qui a perdu près de 40% de sa capitalisation boursière depuis un mois, reculait de 4,54% et BNP Paribas 3,45%. A Londres, Barclays cédait 4,74% et à Francfort, Commerzbank dévissait de 2,11%.
"Les valeurs bancaires baissent davantage puisqu'elles sont prêteuses à toute l'économie et on sait que, dans un scénario de récession, le taux de défaillances va croître et que leurs marges vont baisser", a relevé Valérie Gastaldy, spécialiste du secteur bancaire au bureau d'analyses Day by Day.
Le Wall Street Journal avait mis en avant la fragilité du secteur jeudi: selon le quotidien, la Réserve fédérale américaine s'inquiète de la capacité des filiales aux Etats-Unis de banques européennes à maintenir un niveau adéquat de liquidité, au cas où leurs maisons mères seraient contraintes à rapatrier brutalement des capitaux.
Et la Banque centrale européenne avait indiqué dans la nuit de mercredi à jeudi avoir pour la première fois depuis février accordé un prêt, de 500 millions de dollars pour sept jours, à une banque européenne, ravivant les doutes des investisseurs.
Mais l'institution européenne s'est voulue rassurante vendredi.
Son économiste en chef, Jürgen Stark, a dit "prendre au sérieux" les signaux de tension sur le marché interbancaire européen avec des banques de la zone euro qui rechignent à se prêter entre elles.
Néanmoins, "la situation n'est pas comparable à celle de l'automne 2008 après la faillite de Lehman Brothers", la banque d'investissement américaine dont le dépôt de bilan en septembre 2008 avait déclenché la crise financière, a-t-il insisté.
Les inquiétudes sur la Grèce, qui étaient passées au second plan après le sommet du 21 juillet à Bruxelles, ont refait surface.
Des incertitudes pèsent en effet sur le nouveau plan international d'aide à la Grèce, d'un montant de 159 milliards d'euros, car plusieurs pays contributeurs veulent désormais bénéficier de garanties d'Athènes à l'instar de celles obtenues par la Finlande.
L'accord conclu le 16 août prévoit que la Grèce dépose dans les caisses de l'Etat finlandais une somme qui, ajoutée aux intérêts qu'elle produira, couvrira au bout du compte le montant du prêt garanti par la Finlande.
Et ce alors que le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, a prévenu vendredi que le PIB du pays pourrait chuter de plus de 4,5% en 2011, contre 3,8% prévu jusqu'à présent.
M. Vénizélos a également renvoyé à "la première ou deuxième semaine d'octobre", le bouclage du programme d'échange d'obligations prévu par le plan de sauvetage de la Grèce. "Il faut que les Parlements votent", a-t-il fait valoir.
Sur le marché de la dette, davantage prisé en période d'aversion au risque, les taux à 10 ans de l'Allemagne et de la France se stabilisaient, après avoir sensiblement reculé la veille.
Les taux des obligations américaines, allemandes et britanniques à même échéance avaient même atteint leur plus bas niveau historique jeudi.
"Le marché obligataire est en train de constituer une bulle. Actuellement, prêter de l'argent au gouvernement, c'est payer un impôt, puisque cela rapporte moins que l'inflation. C'est mauvais pour l'épargne", a prévenu Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital Markets.
Le prix de l'or, valeur refuge par excellence, grimpait fortement vendredi, se hissant pour la première fois au-dessus de 1.860 dollars l'once.
L'euro se stabilisait face au dollar, dans un marché toujours hésitant, mais reculait face au franc suisse, dont la flambée se poursuivait malgré les mesures prises mercredi par la Banque nationale suisse pour enrayer son envolée.
En Asie, la Bourse de Tokyo a achevé la semaine sur une nouvelle chute (-2,51%), aggravée par la cherté du yen, autre valeur refuge. Hong Kong (-3,08%), Shanghai (-0,98%) et Séoul (-6,22%) ont suivi la même tendance.