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L'insécurité, l'autre menace des réfugiés somaliens en proie à la famine

Les camps de réfugiés se multiplient à Mogadiscio, la capitale somalienne, où les habitants tentent de trouver des solutions pour se prémunir des agressions. James André, l'envoyé spécial de FRANCE 24, est allé à leur rencontre.

Des milliers de personnes continuent à affluer, chaque jour, à Mogadiscio, fuyant la sécheresse et la faim qui sévit en Somalie. Les camps de réfugiés de la capitale somalienne ne cessent de s’étendre et deviennent presque impossibles à sécuriser.

Dans le camp de Bad-baado, où s’est rendu James André, l'envoyé spécial de FRANCE 24 dans la Corne de l'Afrique, plus de 20 000 réfugiés s’entassent déjà, sans compter la centaine de personnes supplémentaires qui y arrive chaque jour. Le camp est situé non loin d’une zone de combats entre les forces gouvernementales somaliennes et les insurgés islamistes des Shebab. Des coups de feu y retentissent fréquemment.

Les témoignages de viols et de violences dans le camp se multiplient. Préfet adjoint chargé du camp, Adbulahi Ibrahim affirme pourtant que la situation est sous contrôle : "Nous avons résolu les problèmes de sécurité. Récemment, un poste de police et un commandant de police ont été installés dans le camp. L'armée somalienne est par ailleurs stationnée dans la rue."

Choisir entre l’insécurité et la faim

Des dizaines de réfugiés ont toutefois décidé de quitter Bad-baado pour des camps privés, comme Halima Hassan Hilowle et ses 7 enfants. Arrivée à Mogadiscio il y a cinq mois, celle-ci vient de déménager au camp privé d’Hawale. "J'avais peur, je ne pouvais pas rester à Bad-baado avec mes enfants. Là-bas, il y a des hommes armés, on entendait des coups de feu tout le temps. J’avais aussi très peur d'être violée. ici, il y a des gardes, c'est pourquoi je reste."

Au nombre d'une centaine dans la capitale somalienne, les camps privés sont tenus par des particuliers qui les font garder la nuit. Mais les ONG n’y assurent pas de distribution de nourriture. Abdi Abdulahi, un ancien vivant dans le camp d’Hawale, confirme que les besoins sont urgents : "Nous n'avons pas d'eau, nous n'avons pas d'abris, nous n'avons rien. Nous n'avons pas de nourriture, pas de médicaments, la seule chose que nous avons obtenue d'une ONG locale, ce sont des latrines."

La "plus grande partie" de l'aide humanitaire destinée aux populations touchées par la sécheresse et la famine en Somalie parvient à ses destinataires, a assuré mardi le Programme alimentaire mondial (PAM), réagissant à de récentes informations faisant état de vols de nourriture. Mais dans le chaos des camps surpeuplés de Mogadiscio, les réfugiés doivent maintenant choisir entre l’insécurité et la faim.

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