Une explosion de violence a enflammé Tottenham, quartier de la banlieue nord de la capitale britannique, samedi. La situation a dégénéré après une marche dénonçant la mort d'un homme, jeudi, tué par des policiers armés.
AFP - De violentes émeutes ont secoué dans la nuit de samedi à dimanche un quartier multiethnique du nord de Londres, où des véhicules et bâtiments ont été incendiés, des magasins pillés et huit policiers blessés lors des pires incidents dans la capitale britannique depuis des années.
Le calme était en partie revenu dimanche matin à Tottenham, mais la police, qui a bouclé plusieurs rues du quartier, faisait encore face à quelques "poches isolées de criminalité (...) impliquant un petit nombre de personnes", selon Scotland Yard.
Les violences ont éclaté dans la foulée d'une manifestation samedi soir pour réclamer "justice" après la mort jeudi à Tottenham d'un homme de 29 ans, Mark Duggan, par la police.
Les émeutiers ont incendié deux voitures de police et un bus à impériale, dont il ne restait plus quelques heures après que les carcasses. Plusieurs bâtiments ont été ravagés par les flammes, et les pompiers s'activaient encore dimanche matin pour venir complètement à bout des incendies.
Les émeutiers ont aussi saccagé des distributeurs de billets et des magasins, d'où des personnes cagoulées sont sorties en poussant des chariots remplis de marchandises, selon des images diffusées par les télévisions britanniques.
Downing Street a dénoncé ces violences "totalement inacceptables". "Il n'y a aucune justification pour les agressions auxquelles la police et le public ont été confrontés et pour les dégâts" causés, a affirmé le bureau du Premier ministre David Cameron, ajoutant qu'une enquête de police était en cours.
"Aldi (un supermarché appartenant à une chaîne du même nom) était en feu et des barricades étaient mises en place par les émeutiers. C'était vraiment effrayant", a témoigné Stuart Radose, un habitant du quartier dont l'immeuble a été incendié et qui a dû trouver refuge chez son père pour la nuit.
"On est revenu ce matin, il ne reste plus rien, c'est la folie. Tant de gens ont tout perdu, c'est dingue. On dirait que c'est la Seconde Guerre mondiale, qu'il y a eu un bombardement !", a-t-il ajouté, "sous le choc".
"Il ne semblait pas y avoir de policiers (...) J'imagine qu'ils ne pouvaient pas accéder" jusqu'aux scènes de pillage, a-t-il encore dit.
Les forces de l'ordre, notamment la police montée, ont été visées par des cocktails Molotov et ont mis plusieurs heures pour reprendre le contrôle de la rue principale Tottenham High Road. Huit policiers ont été hospitalisés, dont un pour des blessures à la tête, selon Scotland Yard.
Une amie de Mark Duggan, qui s'est présentée sous le nom de Nikki, 53 ans, a expliqué que des amis du jeune homme avaient organisé une manifestation pour obtenir "justice pour la famille" de la victime.
"Ce gars n'était pas violent. Certes, il était impliqué dans des trucs, mais ce n'était pas une personne agressive. Il n'avait jamais blessé personne", a-t-elle affirmé.
Mark Duggan, père de quatre enfants, a été tué apparemment lors d'un échange de coups de feu avec la police alors qu'il se trouvait dans un taxi à Tottenham jeudi. Un policier a aussi été blessé lors de cet incident qui fait l'objet d'une enquête pour déterminer l'origine des tirs.
Ce quartier avait déjà été le théâtre de très violentes émeutes en 1985, qui avaient éclaté après une opération de police qui s'était soldée par un blessé civil par balles. Lors des affrontements qui avaient suivi, un policier avait été frappé à mort.
"Ceux qui se rappellent les conflits destructeurs du passé seront déterminés à ne pas y revenir", a affirmé dimanche un député de Tottenham, David Lammy. "Nous avons déjà une famille en deuil dans notre communauté, et plus de violences n'apaisera pas leur peine", a-t-il estimé.