Le Kosovo est parvenu ce vendredi à un accord avec l'Alliance atlantique pour rétablir "un contrôle total sur ses frontières" avec la Serbie. Le 25 juillet dernier, Pristina avait tenté d'imposer son contrôle sur le nord du Kosovo.
AFP - Le Premier ministre kosovar, Hashim Thaçi, a annoncé vendredi un accord avec l'Otan concernant deux postes-frontières litigieux avec la Serbie, théâtre de tensions depuis près de deux semaines, un développement censé apaiser la situation dans le nord du Kosovo à majorité serbe.
"(Le gouvernement) est parvenu à un accord pour préserver la situation nouvellement créée à la frontière. Le Kosovo est finalement parvenu à établir un contrôle total sur ses frontières", a annoncé M. Thaçi, lors d'une session spéciale de son cabinet ouverte à la presse.
Le leader kosovar albanais a expliqué qu'aux termes de cet arrangement, les postes-frontières contestés seraient rebaptisés "zones de sécurité militaire" et contrôlés par les troupes de la force de l'Otan (Kfor).
Il a souligné que l'accord permettrait au Kosovo de maintenir un embargo commercial sur les importations de produits serbes, une décision qui avait justement provoqué les tensions.
Les autorités kosovares ont décrété cet embargo le 20 juillet, en rétorsion à la mesure similaire observée par la Serbie.
La Serbie avait pour sa part imposé un embargo visant les produits kosovars après la proclamation d'indépendance de Pristina en 2008, non reconnue par Belgrade qui continue à considérer le Kosovo comme l'une de ses provinces.
La crise avait éclaté le 25 juillet lorsque Pristina avait tenté de déployer des douaniers et des policiers relevant de son autorité sur les deux postes-frontières, de Jarinje et de Brnjak, afin de faire respecter l'embargo.
Mais par ce geste, Pristina entendait surtout imposer son contrôle sur le nord du Kosovo, ce qui n'est pas du tout le cas actuellement. Le secteur a une population majoritairement serbe qui ne veut dépendre que de Belgrade.
L'initiative des autorités kosovares a déclenché la colère des Serbes du nord du Kosovo, suscitant une très vive tension émaillée d'incidents violents: un policier kosovar a été tué et un des deux postes-frontières litigieux a été incendié par des manifestants cagoulés, de toute évidence serbes.
Les Serbes ont érigé des barrages, toujours en place vendredi, sur les routes menant vers les deux passages frontaliers.
"C'est un des plus grands succès depuis le jour de la proclamation d'indépendance de la République du Kosovo", s'est félicité M. Thaçi en commentant l'accord conclu.
Un responsable du gouvernement serbe a toutefois relativisé le "succès" du gouvernement kosovar.
"L'accord n'est pas idéal, nous avons négocié dans des mauvaises circonstances, mais notre réaction a empêché le Premier ministre kosovar, Hashim Thaçi, de mettre en oeuvre ses intentions", a déclaré le diplomate serbe Borislav Stefanovic, le négociateur en chef pour le dialogue entre Belgrade et Pristina, cité par l'agence serbe Tanjug.
Il a ajouté que l'accord assurait "la paix (...), une chance au compromis et à la stabilisation sur le terrain".
La Kfor était déjà parvenue mercredi à un accord avec des représentants serbes aux termes duquel la force de l'Otan maintiendra jusqu'à la mi-septembre au moins son contrôle sur les deux postes-frontières.
Le gouvernement kosovar avait dans un premier temps rejeté cet accord, mais M. Thaçi s'était montré jeudi plus accommodant, vraisemblablement après avoir subi les pressions de la communauté internationale.
Cet accord prévoit que les "véhicules et les camions allant jusqu'à 3,5 tonnes, ainsi que les camions avec des produits de type humanitaire, comme des produits alimentaires", pourront franchir la frontière entre la Serbie et le Kosovo par les deux postes-frontières, après avoir été contrôlés.
Cependant, Pristina et Belgrade devraient reprendre en septembre un dialogue sur la libre circulation des marchandises et autres questions en suspens, entamé en mars sous les auspices de l'Union européenne.