Confronté à un vaste soulèvement populaire depuis le 15 mars, le président syrien Bachar al-Assad compte sur son clan familial pour sauver son régime. Gros plan sur une famille qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1970.
Confronté à un soulèvement populaire sans précédent depuis le 15 mars et de plus en plus isolé sur la scène internationale, le président syrien Bachar al-Assad s’est replié sur son clan familial pour sauver le régime. Issue de la communauté minoritaire alaouite (12 % de la population syrienne), cette dynastie familiale, qui règne sur la Syrie depuis 1970, n’est pas prête d'abandonner le pouvoir que lui a légué Hafez al-Assad, en 2000. Gros plan sur un clan qui dirige la Syrie d’une main de fer.
- Maher al-Assad, le militaire
Incarnation de l’aile dure du régime - par opposition à son aîné qui passait jusqu’à présent pour un réformateur -, Maher représente "la face impitoyable du pouvoir",
dixit Ignace Leverrier, ex-diplomate et auteur
d’un blog consacré à la Syrie sur le site du quotidien Le Monde. Il chapeaute en outre ses cousins Mundher et Fawaz - qui dirigent les Shabiha, une milice quasi exclusivement composée d’alaouites chargés de protéger les intérêts du clan.
Par ailleurs, son nom est cité en tant que suspect dans un rapport préliminaire de l’enquête internationale sur l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri.
- Anisa et Bouchra al-Assad, les femmes du clan
Veuve d'Hafez et mère de Bachar, Anisa Makhlouf est très discrète mais joue le rôle d’arbitre familial. “Les décisions sont prises collégialement dans le premier cercle familial, (…). Mais c’est Anisa qui a le dernier mot”, explique Wael al-Hafez, opposant syrien
cité par "Les Martiennes", un blog géré par deux journalistes.
Fille unique de la famille, Bouchra al-Assad est née en 1960. Pharmacienne de formation, elle est considérée, à l’instar de son frère Maher, comme l’un des faucons du régime. Mariée à Assef Chawkat (voir ci-dessous), un époux qu’elle a imposé à sa famille, elle use de l’influence de ce dernier pour peser sur les décisions politiques.
Selon Mohamad Daoud, ex-diplomate syrien, elle entretiendrait des relations tendues avec la femme de Bachar al-Assad, Asma. "Bouchra a longtemps empêché Asma d’utiliser le titre de “Première Dame”, au nom du respect dû à sa mère, Anisa."
- Asma al-Assad, la caution réformatrice
Née en Grande-Bretagne en 1975 et issue d’une famille sunnite de Homs, Asma al-Akhrass a épousé l’actuel chef de l'’État en 2000. Elle lui a donné trois fils : Hafez, Zein et Karim. Diplômée en informatique et en littérature française du King’s College de Londres, elle a longtemps travaillé dans le secteur bancaire avant de se marier.
Médiatique et très impliquée dans l'humanitaire, elle a aidé le président à se construire une image de réformateur modéré. Selon une rumeur relayée par plusieurs médias arabes, elle serait aujourd’hui réfugiée avec ses trois enfants à Londres.
- Rami Makhlouf, le banquier
Cousin maternel de Bachar, cet alaouite né en 1965 profite des avantages liés à son appartenance au clan pour contrôler 60 % des activités économiques du pays.
Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, son empire industriel s’étend "du secteur des télécommunications au commerce de détail, en passant par les hydrocarbures, la banque et le transport aérien". Surnommé "le roi de la Syrie", ce proche de Maher est considéré comme l’homme d’affaires le plus riche du pays. Déjà sous le coup de sanctions prononcées par le Trésor américain depuis 2008,
il fait aussi l'objet de mesures prises en mai dernier par l’Union européenne contre plusieurs dignitaires syriens. Bruxelles l’accuse notamment de "financer le régime" et de permettre ainsi "la répression".
- Assef Chawkat, le beau-frère
Ce général alaouite de 51 ans est l’époux de Bouchra al-Assad, sœur aînée du président syrien, depuis 1995.
D'abord rejeté par le clan à l’époque de son mariage, il finit par être accepté par sa belle famille grâce à sa femme. Dès lors, l’homme grimpe rapidement les échelons de la hiérarchie militaire. En charge du renseignement de l'Armée de terre jusqu’en 2001, il devient ensuite chef adjoint du Renseignement militaire jusqu’en 2005, date à laquelle il prend la tête de l'office,
devenant du même coup l’un des hommes les plus puissants du régime. Mais en 2008, après le bombardement israélien d’un site syrien suspecté d’abriter un complexe nucléaire et l’assassinat à Damas d’Imad Moughnieh (chef militaire du Hezbollah libanais), il perd la gestion du Renseignement.
Ce qui est alors perçu comme une disgrâce pour ce proche du président ne dure que quelque temps, puisqu’il est rapidement nommé chef d’état-major adjoint.
Son nom est également cité en tant que suspect dans un rapport émanant de l’enquête internationale sur l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri.