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Face à la flambée du yen qui menace la reprise économique du Japon, Tokyo a été contraint d'intervenir sur le marché des changes. La valeur de la monnaie nipponne frôle son plus haut niveau depuis 1945.

AFP - Le gouvernement japonais est intervenu jeudi sur le marché des changes pour affaiblir le yen qui approche de son plus haut niveau face au dollar depuis 1945 et menace le redémarrage de l'économie affectée par le séisme du 11 mars.

"Des mouvements unilatéraux renforçant le yen se sont produits récemment sur le marché des changes. Si cela continue, cela pourrait affecter négativement l'économie japonaise et la stabilité financière au moment où le Japon fait le maximum d'efforts pour se reconstruire après le désastre" du 11 mars, a expliqué le ministre des Finances, Yoshihiko Noda.

"Nous sommes intervenus en conséquence. Nous observons désormais les mouvements du marché attentivement", a poursuivi le ministre lors d'une conférence de presse, précisant que le Japon avait agi seul.

Vers 04H45 GMT, le dollar était remonté à 79,28 yens contre 76,99 yens vers 00H00 GMT, avant l'intervention. L'euro a aussi bondi face à la devise nippone et cotait 113,22 yens vers 04H45 GMT, contre 110,45 yens vers 00H00 GMT.

La Banque du Japon a de son côté décidé d'écourter à la seule journée de jeudi une réunion de politique monétaire prévue sur deux jours. Selon les médias nippons, elle devrait annoncer dans la journée un renforcement de ses dispositifs d'assouplissement monétaire.

M. Noda avait plusieurs fois déploré que la monnaie japonaise était "surévaluée", notamment depuis le mois de juillet, lorsque les investisseurs se sont inquiétés des problèmes d'endettement des Etats-Unis et ont placé des fonds dans la "valeur refuge" que constitue le yen.

Le vote mardi au Congrès du relèvement du plafond de la dette américaine n'a pas entravé la flambée de la devise nippone, les opérateurs angoissant pour les perspectives de l'économie mondiale.

Un yen trop vigoureux bride les marges des entreprises nippones sur les marchés extérieurs, sabote leur compétitivité, les conduit à délocaliser et à se fournir auprès de firmes étrangères, au détriment de l'industrie, des emplois et de l'économie nippone dans son ensemble.

"Nous ne pensons pas que l'action d'aujourd'hui va changer fondamentalement la tendance du dollar par rapport au yen", a toutefois prévenu Junko Nishioka, de la banque britannique RBS dans un rapport.

"Tant que la croissance américaine sera aussi fragile et que des mesures d'assouplissement monétaires seront attendues du côté de la banque centrale américaine, le niveau du dollar/yen a peu de chance de remonter suffisamment pour soulager les exportateurs japonais", a-t-elle expliqué.

Entre avril et juin, la hausse du yen a plombé les résultats financiers de nombreuses entreprises nippones actives à l'étranger, notamment dans l'électronique, la mécanique de précision et l'automobile, et le patronat pressait les autorités d'agir.

La dernière intervention unilatérale de Tokyo sur le marché des changes, d'une efficacité limitée, datait du 15 septembre 2010.

Le club des pays riches du G7, dont le Japon, avait par ailleurs vendu massivement des yens de façon coordonnée le 18 mars, au lendemain du séisme dévastateur dans le nord-est de l'archipel.

Objet de spéculation, la devise nippone venait d'établir un nouveau record de vigueur depuis la fin de la Seconde guerre mondiale (76,25 yens pour un dollar). Elle avait chuté après l'action du G7, le dollar dépassant 85 yens en avril et se maintenant au-dessus des 80 yens plusieurs mois.

Mais le billet vert est repassé sous cette barre symbolique depuis quelques semaines.

Mercredi, la banque centrale suisse a ramené son taux directeur de référence dans une marge comprise entre 0%-0,25%, contre 0%-0,75% auparavant, afin d'enrayer la montée de la monnaie helvétique, autre "valeur refuge" prisée par les investisseurs retirant leurs fonds de la zone euro endettée.
 

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