La Commission chargée d'enquêter sur l'accident d'avion ayant coûté la vie à 96 personnes, dont le président polonais Lech Kaczynski, en avril 2010 pointe des erreurs de l'équipage militaire. Le ministre de la Défense a dû démissionner.
AFP - Le Premier ministre polonais Donald Tusk a annoncé vendredi la démission de son ministre de la Défense Bogdan Klich, à la suite du rapport de la Commission polonaise d'enquête sur le crash de l'avion du président Lech Kaczynski en avril 2010 à Smolensk (Russie).
Dans ce rapport présenté vendredi, la commission a rejeté sur les Russes une partie de la responsabilité de cette catastrophe qui a coûté la vie à 96 personnes dont le président Kaczynski, mais a bien reconnu que les principales causes se trouvaient du côté polonais.
Parmi ces causes, elle a cité "le niveau de formation" insuffisant de l'équipage militaire, une "trop grande vitesse" et une "trop basse altitude" de l'avion.
"Le ministre de la Défense Bogdan Klich m'a remis hier sa démission et je l'ai acceptée aujourd'hui", a déclaré M. Tusk aux journalistes.
Dans son rapport de 328 pages, la commission polonaise conclut que "la cause directe de l'accident a été la descente (de l'avion) à un niveau trop bas et à une vitesse excessive dans des conditions atmosphériques qui empêchaient tout contact visuel avec le sol".
"L'équipage n'a pas répondu au signal de redressement généré automatiquement par le système d'alerte en cas de proximité avec le sol", indique le rapport, soulignant que les conditions atmosphériques rendaient impossible un "contact visuel avec le sol".
Mais la commission a également pointé des erreurs du côté russe: "le chef de la zone d'atterrissage a donné des instructions erronées à l'équipage de l'avion" en lui confirmant qu'il se dirigeait vers la piste alors qu'il était à côté, a indiqué un des responsables de cette commission.
itEn outre, "la commission a constaté que le système d'éclairage de l'aéroport de Smolensk était défaillant et incomplet", a précisé l'un de ses membres, le colonel Robert Benedict.
Le rapport polonais "contient ce qui avait manqué dans le rapport du MAK (comité d'enquête russe, ndlr), à savoir des erreurs et des défaillances à l'aéroport de Smolensk", a jugé M. Tusk.
Le rapport du MAK publié en janvier avait rendu la partie polonaise seule responsable de cette catastrophe.
Réagissant à la publication du document polonais vendredi, Alexeï Morozov, un haut responsable du MAK, a tenu à "souligner qu'une partie substantielle des conclusions (polonaises) correspond aux dispositions du rapport final" russe.
M. Tusk a indiqué qu'il proposerait au président Komorowski de nommer à la place du ministre démissionnaire Tomasz Siemoniak, actuel vice-ministre de l'Intérieur et ancien haut responsable du ministère de la Défense.
"Klich a reconnu que rester au ministère rendrait plus difficile l'application des recommandations" de la commission, a-t-il souligné. "Ce sera au parquet de parler d'une responsabilité potentielle", a-t-il ajouté.
Mardi, le chef du parquet militaire Krzysztof Parulski avait indiqué que des "chefs d'inculpation" allaient être formulés à l'égard de militaires polonais, en se refusant à d'autres précisions.
Selon des sources proches de l'enquête, il s'agirait de responsables de l'organisation du vol présidentiel et de la formation des pilotes militaires.
La commission n'a par ailleurs décelé aucune défaillance technique de l'avion et n'a constaté "aucune pression sur l'équipage pour le contraindre à atterrir", selon l'un de ses membres.
Selon le rapport du MAK, le président Kaczynski et d'autres hauts responsables polonais ont fait pression sur l'équipage de l'avion, alors que les pilotes n'étaient pas suffisamment entraînés, et ont pris la décision d'atterrir "dans des conditions inappropriées".
Le Tupolev 154 qui transportait le président Kaczynski, son épouse et d'autres hauts responsables politiques et militaires polonais, s'est écrasé le 10 avril en tentant d'atterrir par un épais brouillard à Smolensk dans l'ouest de la Russie. Tous ses 96 occupants ont été tués.
La délégation polonaise devait assister aux cérémonies marquant le 70e anniversaire du massacre d'environ 22.000 officiers polonais prisonniers de l'Armée rouge par la police secrète soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale à Katyn, près de Smolensk.