
Au sud de Tripoli, à Goualich, les rebelles ont repoussé une contre-offensive de l'armée régulière. Ici aussi, le conflit s’enlise. Reportage de nos envoyés spéciaux sur place, Matthieu Mabin, Marc Jourfier et Eve Irvine.
Après plusieurs jours de calme sur le front de Goualich, à une centaine de kilomètres au sud de Tripoli, les combats ont repris entre les forces du colonel Kadhafi et la rébellion. Cette fois, ce sont les militaires restés fidèles au régime libyen qui ont pris l’initiative de l’offensive.
Après une nouvelle journée d’affrontements dimanche, le bilan est révélateur de l’incapacité des deux camps à prendre le dessus : deux blessés légers chez les rebelles, et aucune avancée concrète - ni pour un camp, ni pour l'autre.
Samedi, déjà, les rebelles étaient parvenus à repousser une contre-offensive des forces loyales au régime de Kadhafi et à maintenir le statu quo.
Une porte vers Tripoli
Goualich la rebelle, située à une centaine de kilomètres au sud de Tripoli, est l’objet de toutes les convoitises. Depuis le début du conflit, le hameau est passé des mains d’un camp à un autre à plusieurs reprises. Pour les rebelles, elle constitue une bonne base arrière stratégique dans leur progression vers la capitale.
Pour les forces loyales au régime, il s’agit, de fait, d’un bastion à conserver à tout prix. Au moment où nos envoyés spéciaux ont tourné ces images, dimanche, les kadhafistes avaient lancé une contre-offensive depuis une heure. À pieds d'abord, puis armés à l'artillerie lourde.
Au micro des envoyés spéciaux de FRANCE 24, alors que les rebelles affluent vers la ligne de front, un rebelle libyen explique la situation : "Aujourd'hui, des gens ont commencé à avancer vers nous. Ils sont habillés en civil et portent des drapeaux verts, mais ce sont des militaires. J'en suis sûr. Nous savions que c'était un piège, donc nous avons commencé à tirer et ils se sont enfuis."
Le correspondant sur place de l’AFP rapporte également plusieurs témoignages selon lesquels les pro-Kadhafi auraient effectivement envoyé des civils avant l’attaque afin de convaincre les combattants rebelles de quitter la zone.
Les blindés comme unique recours
Tout au long de ce dimanche, les affrontements sont âpres et leur issue incertaine. En fin de journée, selon les correspondants de l’AFP, des bombardements et des tirs nourris ont retenti pendant près de trois heures, avant de diminuer vers 19h30, heure locale.
Au fil des heures, les rebelles ont compris qu’aujourd’hui encore, le statu quo serait maintenu. À la question d’un combattant de l’insurrection libyenne qui demande s’il est possible d’atteindre les kadhafistes, un autre répond : "Aucune chance. Laissez les chars s’en charger demain."
L’insurrection sait que la menace d’enlisement est là. Et que le chemin vers Tripoli est encore loin d’être acquis.