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Violents heurts au Caire entre manifestants et partisans de l'armée

De violents affrontements entre manifestants pro-démocratie et partisans du pouvoir militaire ont éclaté samedi soir dans les rues du Caire. Les jets de pierre et de cocktails Molotov ont fait des centaines de blessés.

AFP - De violents affrontements entre manifestants réclamant des réformes et partisans des militaires au pouvoir ont éclaté samedi au Caire, faisant plus de deux cents blessés, peu après que l'armée eut cherché à calmer les critiques à son égard en renouvelant sa promesse de démocratie.

Un millier de manifestants ont tenté de se rendre devant le ministère de la Défense et siège du Conseil suprême des forces armées (CSFA), en scandant "à bas le pouvoir militaire", avant d'être bloqués par la police militaire, qui a tiré en l'air pour tenter de les disperser.

Des heurts violents avec jets de pierres et de cocktails molotov ont suivi en début de soirée entre les manifestants et des civils favorables à l'armée, sans que les militaires n'interviennent, a constaté un journaliste de l'AFP.

Selon le ministère de la Santé 231 personnes ont été blessées, dont 39 ont dû être transportées à l'hôpital et les autres soignées sur place.

Les manifestants pro-réformes se sont retrouvés coincés entre les soldats et la police anti-émeute d'un côté, et les partisans de l'armée en civil de l'autre.

Une personne s'est emparée du microphone d'une mosquée voisine pour presser l'armée de "protéger les manifestants".

"Les voyous nous entourent, la police anti-émeutes est avec eux et l'armée ne fait rien", a protesté un des manifestants, Loai Omran, 40 ans.

Un responsable militaire a en revanche assuré sur la télévision d'Etat que "les forces armées ont réagi avec retenue" face à des manifestants qui l'ont "attaquée en lançant des pierres et des bouteilles".

Les manifestants ont finalement abandonné les lieux pour retourner sur la place Tahrir, dans le centre-ville, qu'ils occupent depuis une quinzaine de jours.

Quelques heures plus tôt, le maréchal Hussein Tantaoui, à la tête du CSFA,  a une nouvelle fois promis de créer les "piliers d'un Etat démocratique défenseur de la liberté et des droits de ses citoyens".

Il a promis, dans une allocution télévisée, "des élections parlementaires libres et justes, une nouvelle Constitution et l'élection d'un président choisi par le peuple".

Malgré ses déclarations répétées en faveur de la démocratie et le soutien populaire dont elle a bénéficié pendant le soulèvement de janvier et février, l'armée est aujourd'hui de plus en plus critiquée.

Ministre de la Défense de M. Moubarak pendant vingt ans, M. Tantaoui a été personnellement mis en cause par les militants qui occupent la place Tahrir et manifestent dans d'autres villes du pays.

Ils reprochent aux autorités militaires la lenteur des réformes annoncées, le maintien de pratiques répressives héritées de l'ancien régime ou encore la présence de partisans de M. Moubarak au gouvernement et dans la haute administration.

Jeudi, un remaniement du gouvernement de transition conduit par Essam Charaf n'a pas apaisé la situation, une partie des ministres qui figurent dans le nouveau cabinet ayant déjà servi sous M. Moubarak.

Contrastant avec le ton apaisant du maréchal Tantaoui, le CSFA a émis samedi un communiqué mettant en cause le "mouvement du 6 avril", une organisation de jeunes accusée de "diviser le peuple et l'armée". Le groupe a démenti ces accusations.

Le "mouvement du 6 avril", très actif au travers des réseaux sociaux sur internet, a joué un rôle important dans le déclenchement de la révolte contre M. Moubarak le 25 janvier dernier.

Des incidents avaient déjà eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi au Caire, où des manifestants avaient déjà tenter de s'approcher du ministère de la Défense, ainsi qu'à Alexandrie et à Suez.