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Le "Dignité al-Karama" a été arraisonné par la marine israélienne

Des commandos de la marine israélienne ont pris le contrôle du navire français Dignité al-Karama, arrivé à 40 milles de Gaza, qui tentait de forcer le blocus pesant sur l'enclave palestinienne. Le navire a ensuite été conduit au port d'Ashdod.

Le Dignité al-Karama, le seul des dix navires de la flottille d’aide internationale qui a pu appareiller de Grèce dimanche - avec la ferme intention de forcer le blocus maritime israélien de la bande de Gaza -, a été encerclé puis arraisonné "sans incidents" mardi matin par la marine israélienne. Le bateau, qui devait rejoindre l’enclave palestinienne en fin de journée, a été remorqué vers le port israélien d’Ashdod, selon les informations recueillies par Gallagher Fenwick, le correspondant de FRANCE 24 à Jérusalem.

"Le dialogue a duré longtemps entre l’armée israélienne et la flottille car les passagers ont refusé de changer leur cap", a expliqué le lieutenant-colonel israélien Avidal Leibovitch, interrogé par Gallagher Fenwick. "Le chef d’État-major, le général Benny Gantz, a donc donné l’ordre d’intercepter le bateau. Sans résistance, les passagers ont été transférés sur un navire israélien et auscultés par un médecin. Ils font actuellement route vers Ashdod [au sud d’Israël, NDLR] où ils seront interrogés, leur navire inspecté, avant d’être expulsés dans leur pays d’origine."

Depuis le début de la matinée, l’association France-Palestine Solidarité, organisatrice de l’expédition, était sans nouvelles de l’équipage. "Vers 8h30, nous avons appris que le bateau français était encerclé par quatre navires de l’armée à 40 milles nautiques de Gaza, dans les eaux internationales", avait alors expliqué Julien Rivoire, un des porte-parole de l’opération contacté par France24.com. "Mais à partir de 9h15, toutes les communications ont été coupées. Internet et Skype ne marchaient plus", a-t-il ajouté, estimant qu'il y avait là la marque d'un "acte de censure militaire".

"Si ce bateau tente une action, nous l’intercepterons"

Un peu plus tôt dans la journée, l'armée israélienne avait avisé le Dignité al-Karama qu’il était "sur un itinéraire conduisant à une zone sous blocus maritime de sécurité au large de Gaza". Depuis le début de l’opération, le 27 juin, les autorités de l’État hébreu ont averti qu’elles ne laisseraient passer aucun bateau. "Si ce navire tente une action provocante, nous l'intercepterons", avait réaffirmé lundi le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Danny Ayalon. Le Dignité al-Karama qui transportait 16 passagers, de six nationalités différentes, était "non armé et non violent", a rappelé de son côté Julien Rivoire. Selon lui, ce "petit poucet" de la Flottille ne constituait "en aucune façon" une menace. "Notre démarche a pour but de briser le blocus de Gaza et de faire respecter le droit international", a précisé le porte-parole.

Le Dignité al-Karama, intercepté une première fois le 7 juillet par les gardes-côtes grecs, avait quitté dimanche l'île grecque de Kastellorizo en appareillant officiellement pour le port égyptien d'Alexandrie. Les neuf autres bateaux qui composaient la flottille, avec à leur bord environ 300 militants venus de 22 pays, n'ont pas été autorisés à quitter la Grèce. Athènes a expliqué cette interdiction en invoquant la "sécurité des militants", après l'assaut des commandos de la marine israélienne sur une précédente flottille pour Gaza, qui avait provoqué la mort de neuf militants turcs, le 31 mai 2010.

Le gouvernement grec avait alors tenté de désamorcer la crise en proposant d’acheminer elle-même l’aide internationale à Gaza. Une offre aussitôt rejetée. "Ce qui nous importe, c’est de briser le blocus [imposé depuis cinq ans par Israël, NDLR] et d'amener directement notre aide humanitaire aux Gazaouis. Toute autre proposition d’Israël ou de la Grèce est irrecevable", avait alors expliqué la militante Claude Léostic, qui avait embarquée à bord du Louise-Michel, un des dix bateaux de la flottille.