logo

Jégo de retour en Guadeloupe pour la reprise des négociations

Le secrétaire d'État chargé de l'Outre-mer, Yves Jégo, a fait son retour en Guadeloupe, toujours paralysée au 22e jour de grève générale, alors que des négociations ont repris entre les grévistes et le patronat sur la question des salaires.

REUTERS - Yves Jégo a regagné mercredi la Guadeloupe où les négociations salariales devaient reprendre entre le patronat et le collectif Lyiannaj kont pwofitasyon (LKP) en l'absence de tout soutien direct de l'Etat.


Désormais épaulé par deux médiateurs qui mèneront la discussion, le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, qui avait été rappelé contre toute attente à Paris, a annoncé pour quelque 190 millions d'euros d'aides mais a réaffirmé que l'Etat ne se substituerait pas aux partenaires sociaux.


Le Premier ministre, François Fillon, a dit non mardi à un geste fiscal de l'Etat.


"On ne va pas lâcher!", a prévenu mercredi Jocelyn Lapitre, syndicaliste guadeloupéen mandaté à Paris par le LKP.


Le collectif à l'origine de la grève générale qui affecte l'île depuis le 20 janvier réclame une revalorisation de 200 euros nets pour les bas salaires bénéficiant à 45.000 personnes. Il entend amplifier la mobilisation.


Le patronat guadeloupéen subordonnait son agrément à une exonération de charges de l'ordre de 108 millions d'euros, que le gouvernement refuse de consentir.


Un malentendu divise les parties : les négociateurs assurent qu'un préaccord en ce sens a été conclu dimanche avec l'assentiment d'Yves Jégo, ce que ce dernier dément.


"Dans cette discussion qui a duré 23 heures je n'avais pris aucun engagement", a-t-il affirmé sur RTL. "Pour dire les choses clairement, il y a eu une partie des chefs d'entreprise qui ont dit nous 'on est prêt à donner ce que vous voulez si l'Etat compense'. Ca ne se passe pas comme ça".


Au total, 131 revendications du collectif "contre la vie chère" ont été satisfaites.


Ainsi le versement anticipé du revenu de solidarité active (RSA), la baisse du prix des carburants, le gel des loyers des logements sociaux en 2009, une diminution de 10% des prix de cent produits dans la grande distribution, ou encore une revalorisation de 20% des aides à la restauration scolaire au profit de 250.000 enfants.

SARKOZY SUIT LE DOSSIER "DE TRÈS PRÈS"


"Soyez assurés que chacun a fait le maximum de ce qu'il était possible de faire dans le contexte actuel", a souligné Yves Jégo lors d'une brève allocution à son arrivée sur place, dans la nuit de mardi à mercredi.


"Mais je vous l'ai toujours dit, l'Etat ne saurait se substituer aux responsabilités des partenaires sociaux", a-t-il ajouté, reprenant mot pour mot le message de fermeté de François Fillon.


Jocelyn Lapitre dénonce le "deux poids deux mesures", selon lui, du gouvernement.


"On ne peut pas comprendre que le gouvernement nous dise de régler ça avec les entreprises alors qu'il répond positivement aux demandes du patronat", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Paris.


Luc de Saint-Eloy, un comédien soutenant le LKP dénonce : "si une grève de cette ampleur se tenait sur le sol hexagonal, on n'aurait pas eu le même traitement et Sarkozy ne serait pas resté silencieux".


L'Elysée a fait savoir mercredi que le chef de l'Etat suivait la situation "de très près" et qu'il dirait "ce qu'il pense le moment venu".


Nicolas Sarkozy n'a pas abordé le problème guadeloupéen lors de son intervention radiotélévisée du 5 février, un silence perçu comme une manifestation de "mépris" dans l'archipel.


L'entourage présidentiel dément des divergences de vues entre Nicolas Sarkozy et François Fillon sur la gestion de la crise, dont Paris redoute qu'elle n'inspire la métropole. Des médias ont laissé entendre que le chef de l'Etat était furieux du rappel précipité d'Yves Jégo.


"Franchement c'est totalement faux. J'ai interrogé les deux, c'est totalement faux", a témoigné le député UMP Frédéric Lefebvre lors d'une rencontre avec la presse parlementaire.


Yves Jégo, qui devrait selon son entourage rentrer "au plus tard" vendredi après une halte en Martinique, ne s'estime pas désavoué.


"Je considère que le gouvernement m'a suivi et au-delà même que ce que j'imaginais : il a bien compris qu'il y avait une situation difficile en Guadeloupe, qu'il fallait que l'outre-mer soit traité comme la métropole face à la crise", a-t-il dit.


"Le désaveu, c'est celui d'un dialogue social qui ne marche pas. C'est pour ça que les médiateurs sont une bonne idée.