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Les propos d'Eva Joly sur la suppression du défilé du 14-Juillet provoquent un tollé

La candidate d'Europe Écologie-Les Verts à la présidentielle de 2012, qui a proposé de remplacer le défilé militaire du 14-Juillet par "un défilé citoyen", s'attire des critiques de l'ensemble de la classe politique.

AFP - La proposition d'Eva Joly de supprimer le défilé militaire du 14 juillet a provoqué une levée de boucliers, surtout à droite, où le chef du gouvernement François Fillon a jugé que la candidate écologiste, née en Norvège, n'avait "pas une culture très ancienne des valeurs françaises".

Le Premier ministre est monté au créneau depuis Abidjian. Affichant sa "tristesse", il a estimé que "cette dame n'a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française".

A peine intronisée candidate d'Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle, Mme Joly s'était attaquée la veille au défilé militaire du 14 juillet, souhaitant le voir remplacé par "un défilé citoyen". Affirmant que personne ne pouvait la "suspecter d'antimilitarisme", elle avait précisé être "pour l'intervention en Libye" et "pour une armée en bon état de fonctionnement".

Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a qualifié de "pathétique" et même d'"insulte" sa suggestion, tandis que le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, l'a jugée "choquante".

Chez les députés de l'UMP, les critiques ont fusé avec des mots parfois très durs, pour dénoncer pêle-mêle chez Mme Joly antimilatarisme, relents de mai 68, et, en filigrane, sa double nationalité franco-norvégienne.

Le député UMP Jacques Myard a fustigé "les idées de soixante-huitarde attardée" et "le pacifisme béat" de Mme Joly. Le député du Nord Christian Vanneste a prêté à la candidate d'EELV "la volonté gauchiste de détruire nos valeurs et nos institutions", dénonçant son "esprit munichois".

Bruno Beschizza, secrétaire national de l’UMP a dénoncé "un antimilitarisme que l’on croyait disparu avec les dernières communautés hippies".

L'ancien secrétaire d'Etat à la Défense, Jean-Marie Bockel (ex-PS) --qui a rejoint la Confédération des centres-- a jugé Mme Joly "totalement déconnectée de la réalité de notre pays".

Quant à la présidente du Front national, Marine Le Pen, elle a critiqué une "incompréhension" du "lien extrêmement profond qui existe entre le peuple français et son armée", suggérant qu'elle est "peut-être" due au fait que Mme Joly est née en Norvège. Dans le "défilé citoyen" de Mme Joly, "il y aura des stands pour fumer le chichon (haschisch) aussi ?", a-t-elle aussi ironisé.

A gauche, la proposition d'Eva Joly n'a généralement pas été bien accueillie, même si en fin de journée c'était surtout les propos du Premier ministre qui suscitaient la colère de certains responsables.

Manuel Valls et Ségolène Royal, tous deux candidats à la primaire PS, ont jugé que la sortie de la candidate EELV était "à côté de la plaque" et une "très mauvaise idée".

L'ex-Premier ministre socialiste Laurent Fabius s'est dit lui aussi "attaché" au défilé, "façon de montrer que l'armée française est une armée citoyenne".

D'accord pour estimer que le défilé militaire du 14 juillet avait perdu "depuis bien longtemps sa raison d'être", le PCF a toutefois déploré une "polémique" qui fait passer "au second plan les six nouveaux décès de soldats" français en Afghanistan dans "une guerre qu'on n'aurait jamais dû faire".

Le candidat du Front de gauche pour 2012 Jean-Luc Mélenchon a ménagé Mme Joly indiquant qu'il verrait bien à l'avenir "un défilé citoyen, à la suite du défilé militaire". Il a déploré "l'excitation de tous ces pisse-vinaigre qui se mettent à hurler parce que Mme Eva Joly dit quelque chose qui ne leur ne plaît pas".

Seul le député EELV Noël Mamère a apporté son entier soutien à l'ex-magistrate voyant "des relents pétainistes" dans les attaques de la droite. Il s'en est notamment pris à François Fillon, "un gaulliste-chrétien qui pour la première fois vient sur le terrain de l'extrême droite".