Depuis près d'un mois, les arrestations de membres présumés d'Anonymous se multiplient dans le monde. Jeudi, la police italienne a interpellé 15 personnes suspectées d'être liées au célèbre groupe de "cyberhacktivistes".
La police italienne a mené, jeudi soir, une opération qui a abouti à l'arrestation de 15 personnes, toutes présentées comme des membres du collectif de "cyberhacktivistes" Anonymous. Un coup de filet qui intervient après plusieurs mois d'attaques informatiques visant des sites Internet du gouvernement italien et de Mediaset, l’empire médiatique du président du Conseil, Silvio Berlusconi.
Les individus interpellés ont tous moins de 28 ans, cinq sont mineurs. L’un d’eux, un Italo-Suisse de 26 ans, connu sur la Toile sous le nom de "Phre", a été présenté par la police comme le "chef de file" des Anonymous en Italie.
Il y a trois semaines, 32 membres présumés du célèbre groupe de hackers masqués avaient déjà été arrêtés en Turquie. Début juin, les gardes civils espagnols avait quant à eux interpellé trois personnes soupçonnées d’avoir trempé dans les très médiatiques attaques informatiques contre les serveurs de jeux en ligne de Sony. Des opérations "coup de poing" qui témoignent de la diligence avec laquelle les autorités entendent désormais s'attaquer aux poils à gratter de l'ère numérique.
"Ces cyberhacktivistes ont tout d’abord profité d’un énorme buzz en raison de leurs actions, explique à FRANCE 24 un expert en sécurité qui requiert l'anonymat. Mais, aujourd'hui, cette exposition médiatique commence à leur coûter cher." De fait, avant tout le battage médatique suscité par l'action des Anonymous, les polices et gouvernements "se concentraient surtout sur la cybercriminalité [vols de numéros de cartes de crédit, spams, ndlr]". En clair, poursuivre les personnes qui s'en prennent à des sites Internet n’était pas considéré comme prioritaire.
Pas impressionnés
La bascule remonte à l’affaire Sony, en avril dernier. Des cybercriminels avaient alors réussi à dérober les données personnelles de plusieurs dizaines de millions d’utilisateurs des plateformes de jeux en ligne du célèbre groupe japonais. Jusque-là cantonnés à des activités entraînant la fermeture des sites de personnes ou d’organisations ne leur revenant pas, les Anonymous ont rapidement été soupçonnés d’être à l'origine du vaste forfait.
Les semaines suivantes, c'est la nébuleuse baptisée LulzSec qui viendra défrayer la chronique. En 50 jours, ces hackers ont fait tomber des dizaines de site Internet et raflé au passage les données personnelles de millions d’internautes… Tout ça pour le "fun". Un "serial-hacking" qui a "donné l’impression que ces 'hacktivistes' pouvaient contrôler Internet", précise à FRANCE 24 Laurent Heslaut, spécialiste de la sécurité des réseaux chez Symantec, une société américaine de sécurité informatique.
Les Anonymous ne semblent pas cependant vouloir se laisser impressionner par cette campagne policière. Ils viennent d’annoncer le lancement d’une "opération Italie" en réponse aux arrestations intervenues jeudi. Une menace à prendre au sérieux puisque, le 4 juillet, le groupe est parvenu à bloquer environ 1 000 sites turques simultanément.
La société de sécurité informatique PandaLabs a pour sa part estimé que la période d’avril à juin a été l’une des "pires en matière de cybersécurité" notamment grâce à l’activisme d’Anonymous et LulzSec.