
La Légion royale britannique, une association célèbre d'aide aux vétérans a cessé sa collaboration avec News of the World, qui relayait ses campagnes. Le tabloïd est soupçonné d'avoir piraté les téléphones de proches de soldats morts au front.
AFP - Les dernières révélations dans le scandale des écoutes du tabloïde News of the World, soupçonné cette fois d'avoir piraté les téléphones de proches de soldats tués en Irak et en Afghanistan, ont ajouté à l'indignation générale jeudi au Royaume-Uni et à l'embarras du gouvernement.
Plusieurs familles de militaires tués en opération ont fait part de leur stupéfaction à la
it
lecture du Daily Telegraph, qui assure que leur téléphone pourrait avoir été piraté par un détective privé employé par le journal dominical à sensation. Leurs numéros auraient en effet été retrouvés dans ses dossiers.
"Si cela est vrai, c'est écoeurant", a déclaré sur la BBC Rose Gentle, mère d'un soldat tué en Irak, soulignant la "colère" des familles. "C'est un nouveau cauchemar; c'est comme si on frappait à votre porte pour vous annoncer encore une mauvaise nouvelle".
"C'est une épreuve très pénible", a renchéri Jim Gill, beau-père d'un autre soldat mort sur le front irakien.
L'ancien chef d'Etat major Richard Dannatt s'est déclaré "abasourdi", l'ex-commandant des forces britanniques en Afghanistan Richard Kemp est "resté muet de colère", tandis que le chef de l'opposition travailliste Ed Milliband se disait "dégoûté".
"Nos forces armées et leur familles méritent le respect et le soutien de la Nation", a renchéri le ministre de la Défense Liam Fox.
News International, qui chapeaute les journaux britanniques du groupe Murdoch, a assuré "qu'il serait horrifié" si "ces informations étaient vraies," et a rappelé son "engagement sans faille" derrière les forces armées. La Légion royale britannique, une prestigieuse association d'aide aux vétérans, n'en a pas moins immédiatement mis à fin à sa collaboration avec le tabloïde qui relayait ses campagnes auprès du public.
Cette affaire d'écoutes, qui empoisonne la vie politique au Royaume-Uni depuis des mois, a connu une série de rebondissements spectaculaires ces derniers jours, au point de se muer en véritable scandale national.
News of The World (NOTW), un dominical qui tire à 2,8 millions d'exemplaires, était déjà sur la sellette pour des centaines, voire des milliers d'écoutes de personnalités réalisées dans les années 2000. Une affaire qui s'est soldée par plusieurs arrestations et la démission en janvier d'Andy Coulson, ex-rédacteur en chef du NOTW, de son poste de directeur de la communication du Premier ministre David Cameron.
Mais la tourmente est repartie de plus belle ces derniers jours quand le journal a été accusé d'avoir écouté les familles de fillettes assassinées et des proches des victimes de l'attentat de Londres en 2005.
Ces nouveaux soubresauts tombent au plus mal pour le chef du gouvernement. Considéré comme un proche de Rupert Murdoch, il s'apprêtait à donner son feu vert définitif au rachat de la totalité du bouquet satellitaire BSkyB par le groupe du magnat américano-australien.
"Cameron est dans la fange à cause de ses amis de News International", titrait jeudi le Daily Telegraph, membre de la puissante coalition de journaux anti-Murdoch.
Déjà confronté à la colère des médias qui estiment le pluralisme de la presse menacé, le Premier ministre fait face désormais à une forte pression politique pour geler le dossier, au vu des dérives au sein du tabloïde.
Le sujet a même été débattu en urgence mercredi à l'Assemblée et jeudi à la chambre des Lords.
Le NOTW commence, lui, à payer le scandale au prix fort: la liste des entreprises ayant décidé de ne plus faire de publicité dans ses pages ne cesse de s'allonger, et des députés ont demandé jeudi au gouvernement de faire de même.