
Le président vénézuelien est rentré à Caracas pour participer aux festivités du bicentenaire de l’indépendance de son pays. Son absence aura surtout révélé l’incapacité de ses proches et de l’opposition à prendre la relève.
Le Venezuela commémore, ce mardi, le bicentenaire de son indépendance. Un moment historique que le président Hugo Chavez a tenu à ne pas rater. Absent du pays depuis presque un mois, celui-ci a regagné lundi Caracas, la capitale vénézuélienne, en provenance de La Havane où il a été opéré d’un abcès pelvien et d’une tumeur cancéreuse.
Depuis le départ de Chavez, son pays, déjà confronté à de nombreuses difficultés économiques liées en grande partie au manque de diversification de son appareil productif qui repose presque exclusivement sur la production pétrolière, est en outre secoué par une mutinerie dans la prison d’El Rodeo de Caracas qui a fait au moins 29 morts.
Au pouvoir depuis 12 ans, le président vénézuelien a réussi à se construire une image d’“homme-providence” dans l’esprit de ses compatriotes. Tout ce qui se passe dans le pays repose, à tort ou à raison, sur ses épaules. La mutinerie de la prison d’El Rodeo n’échappe pas à la règle.
Un régime centré sur la personne de Chavez
"Bien sûr que c'est la faute du gouvernement. Chavez parle de sa maladie, il parle de tout, sauf de ça. D’accord, ce n'est pas vraiment de sa faute. Mais c'est quand même lui qui dirige le Venezuela, c'est lui le ‘Comandante’ (...). En fait, quand on a vraiment besoin de lui, il n’est pas là !", se plaint Yoana, épouse d’un détenu bloqué à la prison d’El Rodeo, au micro de FRANCE 24.
Chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste des questions ibériques (Amérique latine et Espagne), Jean-Jacques Kourliandsky explique ce besoin de la présence d’Hugo Chavez dans la vie publique vénézuelienne par le système que celui-ci a mis en place. "Il s'agit d'un régime centré sur sa personne, composé d'un réseau d’amis présents dans toutes les institutions du pays dont il est le seul à détenir les clefs. Rien à voir avec les structures partisanes qui soutiennent le système politique à Cuba.”
Conséquence : “Quand il n’est pas là, on ne sait pas trop comment s’y prendre, que ce soit du côté du pouvoir ou de l’opposition”. Jean-Jacques Kourliandsky considère Hugo Chavez comme le “dénominateur commun” de la classe politique vénézuélienne. “Son absence a eu le mérite de révéler au grand jour qu’il n’y avait personne pour prendre le relais. Ses partisans ne juraient que par son retour. L’opposition, sans programme, s’est retrouvée désemparée, Chavez qui lui servait de ciment étant absent.”