Contrairement à ce qu'avait annoncé son avocat, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic est présent ce lundi à sa deuxième audience de comparution devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
AFP - L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, refuse de comparaître lundi devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) où il doit plaider coupable ou non coupable, notamment de crimes de génocide, a-t-on appris dimanche auprès de son avocat.
"Mladic a dit aux autorités pénitentiaires qu'il ne voulait pas comparaître devant la cour (lundi) et qu'il ne plaidera pas" coupable ou non coupable, a déclaré à l'AFP Me Milos Saljic.
En juillet 1995, l’armée de la République serbe de Bosnie, commandée par le général Ratko Mladic, entre dans l’enclave musulmane de Srebrenica, pourtant considérée comme "zone de sécurité" de l’ONU. Exactions, viols, assassinats…
En quelques jours, les hommes de Mladic massacrent plus de 8 000 hommes et adolescents alors que 400 Casques bleus patrouillent dans la région. Les victimes sont principalement des hommes. Les femmes et les enfants ont été évacués en bus. On compte néanmoins quelques enfants et plusieurs dizaines de jeunes filles parmi les victimes.
Ce nettoyage ethnique est considéré comme le pire massacre commis en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 2004, il est qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
"Il a décidé de ne pas comparaître parce que les membres de sa défense n'ont pas encore été approuvés", a ajouté l'avocat.
Accusé de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie (1992-1995), Ratko Mladic, 69 ans, avait été arrêté le 26 mai en Serbie après 16 ans de cavale.
Transféré le 31 mai à La Haye, il avait lors de sa première comparution, le 3 juin, qualifié d'"odieux" les onze chefs d'accusation pesant contre lui. Il est notamment accusé du massacre de Srebrenica (en Bosnie orientale) en juillet 1995, le pire en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, au cours duquel près de 8.000 personnes ont été exécutées.
Lors de cette première audience, M. Mladic avait souhaité bénéficier d'un délai supplémentaire pour prendre connaissance des charges pesant contre lui avant de plaider coupable ou non.
Selon Me Saljic, "Mladic a dit qu'il ne pouvait pas étudier l'acte d'inculpation et donc se préparer à plaider sans ses avocats".
Il a souligné que Mladic ne comparaîtrait que s'il est conduit dans la salle d'audience "par la force".
Un avocat russe notamment devrait faire partie de son équipe de défense, a-t-il précisé.
Interrogée par l'AFP, une porte-parole du TPIY, Nerma Jelacic, a déclaré ne pas être au courant de l'intention de Ratko Mladic de ne pas comparaître.
"Le Tribunal n'a pas été officiellement informé d'une telle intention, et les préparatifs vont bon train" pour sa comparution programmée lundi à 10h00 (08h00 GMT), a-t-elle précisé.
Mme Jelacic avait expliqué samedi à l'AFP que si Mladic refuse de plaider, "le juge plaidera non coupable en son nom".
Elle avait aussi dit que l'ancien général devait être assisté lundi par le même avocat serbe commis d'office que lors de la première audience, en attendant la désignation d'un avocat chargé de le défendre durant son procès.
"Il a soumis une liste de préférences qui sont en cours d'examen", avait indiqué Mme Jelacic.
Le procès de M. Mladic ne devrait pas commencer avant plusieurs mois. Celui de Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, accusé des mêmes crimes que Ratko Mladic, avait démarré en octobre 2009, quinze mois environ après son arrestation à Belgrade en juillet 2008.