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Au Maroc, la campagne pour le référendum constitutionnel bat son plein

Partisans et opposants au projet de révision constitutionnelle, proposé par le roi du Maroc et soumis à référendum le 1er juillet prochain, entrent dans la dernière ligne droite de la campagne d’un scrutin qui semble joué d’avance.

La campagne bat son plein au Maroc à quelques jours d’un référendum capital sur le projet de réforme constitutionnelle proposé par le roi Mohammed VI. Organisé ce vendredi, il est au cœur de toutes les discussions puisqu’il tend à renforcer le rôle du Premier ministre et du Parlement, tout en sauvegardant d'importantes prérogatives politiques et religieuses au monarque.

Combat inégal

Dans les principales villes du pays, telles que Rabat, la capitale, Casablanca et Tanger, nul ne peut échapper à la campagne pour le "oui". De courts messages, non signés et rédigés en noir sur fond blanc, invitant les sujets marocains à voter en faveur des réformes, sont placardés sur les vitrines des échoppes, ou hissés sur d’imposants panneaux publicitaires. Dans les kiosques à journaux, on aperçoit les unes de plusieurs quotidiens nationaux qui militent, jour après jour, en faveur de "la nouvelle Constitution".

Le camp opposé au référendum est moins visible dans les médias et semble mener un combat inégal. Il est composé de trois partis de gauche, du mouvement islamiste Justice et bienfaisance, l'un des plus importants au Maroc, et du Mouvement du 20 février, du réseau social Facebook. Ce dernier, à l’origine des appels à manifester pour réclamer un État de droit, appelle à boycotter massivement le scrutin du 1er juillet.

"L’abstention sera notre victoire"

Dans sa ligne de mire, la commission chargée de la réforme de la Constitution qui avait été nommée par le roi après son premier discours du 9 mars. "Ce n’est pas le peuple qui a choisi ses membres, donc la Constitution qui en découle est anti-démocratique, la  preuve, le roi s’est octroyé des pouvoirs énormes. L’abstention sera notre victoire" déclarait récemment Montasser Drissi, un membre actif du Mouvement du 20 février, aux Observateurs de FRANCE 24.

Pour Mohamed Layadi, sociologue et politologue de l’Université Hassan II de Casablanca, interrogé par France24.com, "ceux qui s’opposent au référendum ne pèseront pas lourd dans la balance le jour du vote".  Selon lui, le mouvement du 20 février, "a eu le mérite de secouer le cocotier sur lequel se reposaient les partis politiques frileux" en exerçant une pression pour obtenir des réformes. Mais "il n’est pas un mouvement de masse comparable à ceux qu'on a pu voir en Égypte ou en Tunisie. Ces jeunes n’ont pas les moyens de mobiliser car ils ne sont pas structurés et n’ont pas de doctrine claire", analyse l’universitaire.

Un scrutin joué d’avance

Malgré ce handicap, le mouvement du 20 février fait surtout campagne sur la Toile où il est très actif via ses groupes Facebook et son compte YouTube. Hier, ses sympathisants ont manifesté pacifiquement dans plusieurs villes du royaume chérifien pour tenter de faire entendre leurs voix dans la rue. "Les Constitutions octroyées à la poubelle", "Non à l'injustice sociale", scandaient notamment les manifestants à Casablanca.

Néanmoins, c'est dans cette même ville que les manifestants favorables au référendum se sont rassemblés en plus grand nombre. Répondant à l'appel de plus d’une trentaine de partis politiques approuvant le projet de révision, plusieurs milliers d'entre eux ont manifesté leur attachement indéfectible au roi.

"La mesure de l’opinion publique est difficile, mais ils semble que la majorité des Marocains soit satisfaite des réformes. Le roi a placé la barre très haut et a étonné tout le monde en allant au-delà des revendications de certains partis", conclut Mohamed Layadi. Selon ce dernier, et à l’instar de nombreux observateurs, le résultat du scrutin de vendredi est joué d’avance.