Libéré par Pékin après trois ans de prison, le dissident chinois Hu Jia est l'un des défenseurs des droits de l'Homme et critiques du gouvernement les plus connus en Chine. Sa femme, Zeng Jinyan, est elle aussi militante et blogueuse réputée.
AFP - Sous une apparence frêle et timide, le dissident chinois Hu Jia, tout juste libéré dimanche, cache une volonté de fer et un courage en acier trempé qui lui ont valu plus de trois ans de prison, et désormais sans doute des années sous surveillance policière.
Hu Jia, 37 ans, est devenu l'un des défenseurs des droits de l'Homme en Chine les plus connus en luttant contre les abus du gouvernement, dans des domaines aussi variés que la discrimination envers les malades du sida ou la destruction de l'environnement.
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Malingre et doté d'un visage souriant et juvénile, Hu Jia a commencé à faire parler de lui il y a dix ans, lorsqu'il a organisé un mouvement de défense de villageois pauvres qui avaient contracté le virus du sida dans les années 90 en vendant leur sang.
Il critique alors vivement le gouvernement qui selon lui ignore les difficultés liées à l'épidémie.
Le jeune homme, qui porte des petites lunettes cerclées de fer, lutte ensuite aux côtés de prisonniers politiques et informe régulièrement la presse occidentale des combats des avocats de la défense des droits de l'Homme, des paysans qui manifestent et de divers militants.
Ce diplomé en informatique de la School of Economics de Pékin a été arrêté en décembre 2007, un mois après avoir parlé de la situation des droits de l'Homme en Chine et critiqué l'attribution des jeux Olympiques à Pékin, avec des membres du Parlement européen, via une caméra web.
Il est condamné à trois ans et demi de prison en avril 2008, quelques mois avant les jeux, pour "incitation à la subversion", une accusation vague utilisée par les autorités pour faire taire les dissidents, selon les critiques du régime.
La même année, le Parlement européen lui décerne le prix Sakharov, déclenchant la mauvaise humeur de Pékin.
Depuis des années, sa femme, Zeng Jinyan, elle aussi militante, tient un blog réputé qui n'épargne pas les autorités chinoises. En 2007, elle est classée parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde, par le magazine Time.
Lors de la détention de son mari, elle critiquait vivement la faiblesse des soins médicaux dont il bénéficiait en prison. Hu Jia souffre d'une cirrhose du foie qui a empiré lors de sa détention.
Mais ces derniers mois, elle se plaignait du harcèlement renforcé de la police et a modéré le ton de ses commentaires.
Le couple a une petite fille.
Hu est rentré chez lui dans la nuit de samedi à dimanche, après avoir purgé la totalité de sa peine.
Lors de son arrestation, le gouvernement cherchait à museler les critiques pour éviter toute manifestation pendant les JO. Sa libération se déroule dans un climat encore plus répressif.
Le gouvernement a lancé au printemps un vaste mouvement de répression contre la dissidence, le plus sévère depuis les années post-Tiananmen, par crainte de mouvements semblables aux révolutions du jasmin de début d'année, qui ont secoué l'Afrique du Nord et le Proche-Orient.