
Alors qu'Israël marque samedi les cinq ans de la détention à Gaza du soldat Gilad Shalit, détenu par une branche armée du Hamas, les négociations sur un échange de prisonniers entre l'État hébreu et le groupe islamiste semblent au point mort.
Un pas en avant, trois pas en arrière. Le 25 juin 2006, le jeune soldat franco-israélien Gilad Shalit était capturé par une branche armée du Hamas, à la lisière de la bande de Gaza. Cinq plus tard, les négociations entre le groupe islamiste palestinien et le gouvernement israélien ne semblent pas aboutir.
Le soldat de 24 ans est détenu dans une prison tenue secrète, dans la bande de Gaza. Ni sa famillle ni la Croix-Rouge n'ont jamais pu entrer en contact direct avec lui malgré leurs demandes répétées. it
Le soldat Shalit, une cause nationale en Israël
De récentes avancées diplomatiques ont pourtant suscité de nouveaux espoirs pour la famille Shalit et leurs sympathisants. Des négociations ont été entamées au Caire début juin sur un possible échange de prisonniers palestiniens contre le soldat Shalit . De leur côté, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Nicolas Sarkozy, ont lancé conjointement un appel, le 17 juin, pour demander la libération du soldat dans le cadre d'un accord entre Israël et le Hamas.
Mais concrètement, le fossé semble toujours aussi infranchissable entre les concessions que le gouvernement israélien est prêt à accepter et les demandes du Hamas.
Des négociations délicates
Le Hamas exige d’échanger le soldat israélien contre un millier de prisonniers palestiniens, dont près de la moitié sont incarcérés pour avoir commis des violences contre Israël. L'État hébreu souhaite de son côté voir revenir le jeune soldat sain et sauf, mais pas à n’importe quel prix.
Les négociations achoppent notamment sur l'identité des détenus concernés et le lieu où ils seraient relâchés. Israël se refuse à libérer en Cisjordanie des Palestiniens impliqués dans des attentats, souhaitant qu’ils partent à l'étranger.
"Il y a eu des avancées mais qui n’ont pas abouti. Car les négociations sont extrêmement prosaïques. À un nom près, un prisonnier près, les négociations échouent", explique à FRANCE 24 Frédéric Encel, docteur en géopolitique, spécialiste du Proche-Orient.
La libération de Gilad Shalit a paru proche à l'automne 2009, après des négociations indirectes menées via l'Egypte et un médiateur allemand, mais a finalement échoué en raison du désaccord sur l’identité des détenus.
Netanyahou durcit ses positions
Si le Hamas ne transige pas, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, reste tout aussi ferme sur ses positions, au risque de tensions politiques et sociales intérieures. Il se confronte notamment aux pressions de la famille Shalit et des sympathisants qui vont, une fois de plus, manifester ce week-end en faveur de la libération du soldat.
Selon un sondage réalisé par l’institut Dahad pour l’édition papier du Maariv en mai dernier, 58 % des Israéliens sont favorables à l’échange des centaines de prisonniers palestiniens contre la libération de Gilad Shalit.
Mais Netanyahou ne cède pas aux pressions de la rue. Il sait qu’en acceptant les termes du Hamas, il se confronterait à la fureur des familles des victimes tuées par certains de ces prisonniers palestiniens. Un choix cornélien pour le Premier ministre.
"Netanyahou est en face d'un vrai dilemme. Soit il obtempère : dans ce cas, Shalit est relâché et des prisonniers accusés d’avoir du sang sur les mains sont libérés ; mais en cas de récidives de ces hommes, le contre-coup serait terrible. Soit Netanyahou ne négocie pas et retourne contre lui une majeure partie de l’opinion publique", estime Frédéric Encel.
Benjamin Netanyahou a annoncé jeudi qu'il avait l'intention de durcir les conditions de détention des prisonniers palestiniens en réponse au refus depuis cinq ans du Hamas d'autoriser la Croix-Rouge à rencontrer Gilad Shalit.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a de son côté exigé du Hamas "la preuve" que le jeune soldat est "vivant". Bien que plusieurs activistes du Hamas aient affirmé que Gilad était toujours en vie, il n’y a aucune preuve de son état depuis une vidéo de lui transmise au gouvernement israélien en octobre 2009
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