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La cour d'assises spéciale de Paris doit se prononcer sur la culpabilité d'Yvan Colonna dans l'assassinat du préfet de Corse Claude Érignac, en 1998. Déjà condamné à deux reprises dans cette affaire, le "berger de Cargèse" clame son innocence.

REUTERS - Yvan Colonna s'est défendu lundi une dernière fois d'avoir assassiné le préfet de Corse Claude Erignac, pour lequel il est jugé pour la troisième fois.

Les neuf magistrats de la cour d'assises spéciale de Paris se sont retirés pour délibérer et ils rendront dans la journée un arrêt motivé par écrit, une quasi-première en France.

L'accusation a demandé une nouvelle fois mercredi la peine maximale, la réclusion à perpétuité avec 22 ans de sûreté. La défense a plaidé l'acquittement.

"Je n'ai pas participé à l'assassinat du préfet Erignac. Je n'ai pas fait ça, ce n'est pas moi. Je vous demande de me croire, parce que je suis fatigué de me battre comme ça depuis 13 ans. J'ai envie de rentrer chez moi", a dit l'accusé.

"J'en suis à huit ans de prison pour un crime que je n'ai pas commis. Vous avez ma vie entre vos mains (...) Je n'ai jamais tué personne, jamais pensé tuer quelqu'un, jamais imaginé participer au meurtre de quelqu'un", a-t-il ajouté.

L'accusation contre Yvan Colonna, berger de profession et militant nationaliste déclaré, repose essentiellement sur les mises en cause de neuf personnes, cinq protagonistes de l'assassinat aujourd'hui condamnés, et quatre de leurs épouses ou compagnes.

La cour d'assises a par ailleurs annoncé, avant de partir délibérer, qu'elle refusait la demande de la défense de joindre à la liste des questions le sujet des gardes à vue de 1999 au cours desquelles ces mises en cause ont commencé à être formulées.

Les personnes concernées ont mis en cause le berger corse devant les juges d'instruction pendant plusieurs années avant de se rétracter longtemps après, de manière jugée peu convaincante par deux cours d'assises, qui ont déjà condamné Yvan Colonna à perpétuité en 2007 et 2009.

Rejugé après une cassation, Yvan Colonna pourra en cas de condamnation encore déposer un nouveau pourvoi en cassation et saisir la Cour européenne des droits de l'homme.

C'est au total le cinquième procès de cette affaire, qui demeure le crime politique le plus violent en 40 ans de lutte armée pour l'indépendance sur l'île.