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Pour le gouvernement, un seul blocage subsiste

Plusieurs ministres se réunissent mardi matin pour évoquer la crise en Guadeloupe. Pour le gouvernement, il ne reste qu'un seul point de désaccord : la question des salaires. Faux, répond le syndicat guadeloupéen UGTG.

C’est désormais depuis Paris que travaille Yves Jégo, le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, rentré lundi de Guadeloupe. Une réunion interministérielle est prévue mardi matin pour tenter de répondre au mouvement de grève qui dure depuis trois semaines.

Stations-service bloquées, supermarchés, écoles et mairies fermées, manifestations quotidiennes : l’île des Antilles, département d’Outre-mer français, est paralysée par un conflit piloté par le Collectif contre l’exploitation outrancière (LKP). Ce dernier regroupe une cinquantaine d’organisations syndicales, culturelles et politiques et milite contre la vie chère.

Les manifestants demandent notamment des hausses de salaires et des baisses de prix dans de nombreux domaines, comme le carburant, l’alimentaire, le logement et l’eau. Depuis le 5 février, le mouvement a également atteint la Martinique.

Départ surprise d’Yves Jégo

Alors que le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer avait assuré qu’il resterait dans l’île "le temps voulu" pour apporter une solution au conflit, le départ surprise dimanche soir d’Yves Jégo a été interprété comme un signe de "mépris" par de nombreux acteurs locaux. Il était arrivé sur l’île le 1er février. "C’est prévu qu’il retourne en Guadeloupe, à l’issue des réunions", indique le service de presse du secrétaire d’Etat, sans préciser de date.

Yves Jégo est rentré en métropole pour "faire le point de la mise en œuvre de ces mesures qui vont changer la vie des Guadeloupéens", ces réponses au conflit qu’il a négociées depuis son arrivée sur l’île. "J'ai présenté au Premier ministre les résultats de la semaine de travail", indique-t-il, "les 132 mesures qui ont été approuvées pour régler le conflit en Guadeloupe. Nous sommes entrés dans le détail de ces mesures importantes pour la vie quotidienne des Guadeloupéens".

La 133ème et ultime mesure est un préaccord sur une augmentation des bas salaires. Le LKP demande en effet "un relèvement immédiat d'au moins 200 euros des bas salaires" pour "relancer le pouvoir d'achat, soutenir la consommation des produits guadeloupéens et plus généralement la demande".

Un préaccord est intervenu dimanche avec le patronat guadeloupéen. Mais la signature du document serait soumise au feu vert de Matignon pour son financement : les entreprises demandent en échange 108 millions d'euros d'exonérations sur l'impôt sur les sociétés et la taxe professionnelle.

"Nous ne sommes d’accord sur rien !"

Si le gouvernement estime que 132 des 133 revendications du mouvement ont été satisfaites, Eddy Damas, un dirigeant de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), un des principaux syndicats à l’origine du collectif LKP, ne partage pas cet avis.

"Ce n’est que de la communication ! Il n’y a pas que la question des salaires qui bloque ! Il y a tous les autres points : la question du prix de l’essence, celle de l’alimentation", déclare-t-il à FRANCE 24. "Ce n’est pas la fin du conflit, nous sommes déterminés à poursuivre le mouvement jusqu’à ce que toutes nos revendications soient satisfaites", ajoute-t-il.

De son côté, le secrétaire général du Medef-Guadeloupe, Jean-Luc Lubin, estime que les mouvements de grève en Guadeloupe ont entraîné un manque à gagner compris entre 160 et 200 millions d'euros.