Ancienne gloire du football algérien, Rabah Madjer assure dans un entretien exclusif à France24.com que la nomination d’un entraîneur étranger à la tête de la sélection algérienne ne sera d’aucune utilité dans les "circonstances actuelles".
FRANCE 24 : la Fédération algérienne de football (FAF) et son président Mohamed Raouraoua annoncent la nomination sous peu d’un entraîneur étranger à la tête de la sélection algérienne de football, en remplacement d’Abdelhak Benchikha, démissionnaire après la lourde défaite des "Fennecs" contre le Maroc (4-0) en éliminatoires de la CAN 2012. Qu’en pensez-vous ?
Rabah Madjer : Je ne veux pas me mêler des affaires de la Fédération algérienne de football, ni de celles de son président (Mohamed Raouraoua, NDLR). Je dis juste qu’ils doivent assumer leurs responsabilités et les conséquences des décisions qu’ils auront à prendre.
Je suis tellement déçu de cette lourde défaite face au Maroc, et peiné que [Abdelhak] Benchikha fasse les frais non seulement de la débâcle mais, plus généralement, de l’échec de notre football. Il avait hérité d’un cadeau empoisonné, mais il s’est montré courageux, voulant relever un défi difficile. Pour tout vous dire, cet effondrement, je l’ai vu venir ; j’ai tiré la sonnette d’alarme depuis longtemps, mais les responsables de lé Fédération n’y ont pas prêté attention.
Mais, vous, l’ancien capitaine des "Verts" puis leur entraîneur (trois fois entre 1994 et 2002), pensez-vous qu'il y ait une solution ?
R.M. : Je ne voudrais pas entrer dans ce jeu-là. Je veux juste rappeler un fait : tous les succès remportés par l’équipe d’Algérie par le passé ont été l’œuvre d’entraîneurs algériens. Nous nous sommes qualifiés au Mondial espagnol en 1982 avec un encadrement entièrement algérien, puis au Mondial mexicain avec des entraîneurs algériens, et nous avons remporté la Coupe d’Afrique des nations 1990 avec un staff à 100 % algérien.
En revanche, tous les entraîneurs étrangers qui ont dirigé notre équipe nationale ces dernières années ont subi des échecs, que ce soient les Belges Leekens en 2003 et Waseige en 2004, ou le Français Jean-Michel Cavalli en 20006/2007. Cela dément la thèse selon laquelle les entraîneurs algériens ne peuvent pas réussir à la tête de la sélection. Je pense que, dans les conditions actuelles, la tâche sera difficile pour tout entraîneur, qu’il soit algérien ou étranger.
Quelle serait donc la solution, selon vous ?
R.M. : Le retour à l’ancien système. C’est-à-dire qu'il faudrait rebâtir une équipe dont l’ossature serait composée de joueurs évoluant en Championnat d’Algérie, renforcée par nos meilleurs éléments évoluant dans les championnats étrangers. Cette équipe devrait ensuite multiplier les stages et les rencontres amicales afin de travailler sa cohésion et de parfaire ses automatismes.
Nous devons, par ailleurs, prévoir un programme de matchs amicaux en plus des rencontres fixées dans le cadre du calendrier-Fifa. Les joueurs doivent jouer beaucoup plus qu’ils ne le font actuellement. C’est la seule manière d’arriver à produire du jeu, et de gagner, aussi.