Les spéculations vont bon train concernant les possibles candidatures à la primaire républicaine aux États-Unis. Revue des figures conservatrices susceptibles d’être désignées pour affronter Barack Obama dans les urnes en 2012.
Alors que l’élection présidentielle américaine de 2012 approche, Barack Obama s’est déjà officiellement lancé dans la campagne. Face à lui, des candidats républicains putatifs, dont les intentions font l’objet d’intenses spéculations. Parmi eux, deux candidats malheureux à la primaire républicaine de 2008, un vétéran du parti affichant une solide expérience politique, et une ancienne candidate à la vice-présidence américaine, tout aussi télégénique que controversée.
- Le favori
Mitt Romney. Bien qu’il ait échoué à se faire élire lors de la primaire républicaine de 2008, l’ancien gouverneur du Massachusetts part aujourd’hui largement favori. Mormon de confession, Mitt Romney est également un homme d’affaires aguerri. Son sens du "business" est d’ailleurs son point fort. Il est convaincu qu’en privilégiant les questions économiques au cours de la campagne, les républicains seront en mesure de battre Barack Obama en 2012.
Son point faible, aux yeux des républicains, est d’avoir mis en place, dans le Massachusetts, un système de sécurité sociale similaire à celui qu’a créé le président sortant. Or cette mesure est particulièrement honnie par le camp républicain. Son expertise économique compensera-t-elle ce que certains considèrent comme une trahison idéologique ?
- Les préférés du Tea Party
Ron Paul. Longtemps élu du Texas au Congrès, Ron Paul est réputé pour son indépendance politique. Il est l’un des rares républicains à avoir critiqué l’engagement américain dans des conflits étrangers, et se positionne en faveur d’une réduction de la présence militaire américaine dans le monde. Son conservatisme en matière fiscale lui a valu de solides soutiens au sein du mouvement ultraconservateur du Tea Party. Alors que peu de candidats républicains sortent du lot, Ron Paul pourrait remporter bien davantage de voix qu’en 2008.
Michele Bachmann. Élue du Minnesota au Congrès, Michele Bachmann divise au sein même de son parti. Considérée comme l’alter ego de Sarah Palin, elle est la bête noire des démocrates en raison de ses positions ultraconservatrices sur des sujets comme l’avortement ou les dépenses fédérales.
De l’autre côté, l’élite républicaine craint ses déclarations polémiques proférées à l’emporte-pièce. Mais son interprétation stricte de la Constitution et son franc parler lui ont valu des soutiens passionnés au sein du Tea Party. Elle pourrait se présenter comme l’alternative aux républicains "bon teint", accusés d’avoir trahi les lois d’airain du conservatisme à l’américaine, en cautionnant les dépenses excessives du gouvernement de George W. Bush.
Rick Perry. Ce Texan de 61 ans a succédé à George W. Bush en 2000 au poste de gouverneur de l’État du Texas, fonction qu’il occupe toujours. Son accent du sud-ouest et sa foi passionnelle -il est évangéliste- rappellent aussi l’ancien président. Rick Perry entre dans la course à l’investiture avec plusieurs avantages : il est doué pour récolter des fonds, les supporters du Tea Party l’apprécient et il est considéré comme conservateur à la fois dans le domaine fiscal (il a réduit les dépenses liées à l’éducation et à la santé dans son État plutôt que d’augmenter les impôts) et social (c’est un fervent adversaire de l'avortement).
Mais face au favori Mitt Romney et alors que Michele Bachmann profite de sa lancée, Perry devra rattraper son retard dans les premières semaines de sa campagne. Ses rivaux seront également à l'affût de tout faux pas potentiellement préjudiciable - comme celui où en 2009, Perry avait publiquement évoqué une sécession du Texas des États-Unis d’Amérique.
Sarah Palin. L’ancienne gouverneur d’Alaska et candidate à la vice-présidence, contributrice régulière de la chaîne Fox News, n’a pas clairement exprimé ses intentions. Cible favorite des plaisanteries de la gauche, elle est une figure controversée à droite. Selon un récent sondage réalisé par l'institut Gallup, 52 % des Américains ont une opinion défavorable de Sarah Palin. Mais ses supporters adorent son style impulsif et son audace : elle n’hésite pas à attaquer les grandes figures du monde politique américain, démocrates comme républicains.
Par ailleurs, Sarah Palin fait figure de mentor au sein du Tea Party depuis les élections de la mi-mandat en novembre 2010. Elle est allée jusqu’à adouber plusieurs républicains peu connus au détriment de personnalités du parti. Les démocrates prétendent que sa méconnaissance de certains grands dossiers, notamment en ce qui concerne la politique étrangère, feraient de Sarah Palin une rivale facile à battre pour Barack Obama. Les républicains vont-ils relever le défi ?
- Le modéré
Jon Huntsman. Ancien gouverneur de l'Utah (2005 à 2009) puis ambassadeur des États-Unis en Chine jusqu’en mai 2011, Jon Huntsman a annoncé sa candidature le 21 juin devant la statue de la Liberté, tout comme Ronald Reagan à son époque. Il se présente comme un républicain modéré et souhaite attirer les indépendants, les centristes et les démocrates déçus. Conservateur sur les questions fiscales, il est également opposé à l’avortement. Mais ses relations cordiales avec l’administration Obama et son "respect" avoué pour le président – ainsi que son positionnement en faveur des unions homosexuelles, du plafonnement des émissions de combustibles fossiles et du plan pour la relance économique proposé par Obama en 2009 – ne risquent-ils pas de détourner une partie de la base républicaine dont il a besoin pour obtenir l’investiture ?
- Le vétéran
Newt Gingrich. Ancien président de la Chambre des représentants, Newt Gingrich est l’un des candidats républicains potentiels les plus chevronnés. Parmi ses principaux faits d'armes : avoir supervisé, au cours de la présidence du démocrate Bill Clinton, la "révolution républicaine" qui mit fin à 40 ans de majorité démocrate au Congrès.
L’homme traîne toutefois un certain nombre d'encombrantes casseroles. Sa brillante carrière politique est en effet émaillée d’une série de scandales qui l’avaient obligé à démissionner en 1998. Peu après, la révélation d’une relation extra-conjugale avait achevé de ternir son image. Il a pourtant réussi à rester dans le jeu politique en donnant régulièrement son opinion et en multipliant les écrits.
- Les candidats surprise
Herman Cain. Ce businessman hors-pair de 65 ans ne s’est encore jamais présenté à une élection. Incarnation du rêve américain – il a fait fortune en sauvant une chaîne de pizzerias de la faillite –, ce candidat ultra-libéral, anti-avortement, anti-immigration, en faveur d’un soutien indéfectible à Israël, bénéficie des faveurs du Tea Party. Alors que les pontes du parti républicain, à l’instar de Karl Rove, se sont montrés sceptiques face à sa candidature, Herman Cain devance nombre de ses prétendants dans les sondages. Cependant, les débats l’ont montré peu à l’aise sur les questions de politique étrangère et prompt aux déclarations controversées.
Rick Santorum. Ancien sénateur républicain – et allié de George W. Bush – venu de Pennsylvanie, Santorum se présente comme un conservateur tant par ses déclarations bellicistes en politique étrangère que par ses prises de position sur les questions sociales comme le mariage homosexuel et l'avortement. Mais Santorum est peu connu, c’est un homme politique plutôt discret alors que les autres prétendants bénéficient déjà d’une certaine notoriété médiatique. De plus, il ne s’est toujours pas exprimé en détail sur ce qui sera sûrement l'élément déterminant de la campagne : l'économie.
Photo principale : Gage Skidmore/Flickr, Andrew Feinberg/Flickr.