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Le nouveau gouvernement, nommé ce lundi par la présidence de la République libanaise, est dominé par le Hezbollah et ses alliés. Une équipe excessivement proche du régime syrien, affirment de nombreux commentateurs et activistes sur la Toile.

Après cinq mois de tergiversations, le Liban s’est finalement doté, ce lundi, d’un gouvernement. A la tête de la nouvelle équipe, le Premier ministre Mohammed Najib Mikati, un milliardaire sunnite proche de l'opposition dite du 8-Mars, nommé le 25 janvier 2011. Il avait succédé au Premier ministre Saad Hariri après qu’un tiers des ministres de son gouvernement d'union eurent démissionné, sur fond de tensions liées au tribunal de l'ONU en charge de l'enquête sur l'assassinat de son père Rafic, en février 2005. Un pas a donc été franchi. Isabelle Dellerba, correspondante de FRANCE 24 à Beyrouth, explique bien qu’il s’agit bien, désormais, "d’un cabinet monochrome".

Sur Twitter, Imad Bazzi, blogueur et cyberactiviste, critique d’emblée la représentativité de ce nouveau gouvernement : "Je vote pour que le gouvernement libanais nouvellement formé remporte le prix de la meilleure comédie." De son côté, Doreen Khoury, qui travaille dans une fondation en faveur de l'éducation politique au Moyen-Orient, s’interroge : “Je me demande pourquoi il a fallu si longtemps pour réunir un line-up aussi évident et pourquoi ils se sont soudainement mis d’accord maintenant."

Interviewé sur le canal anglophone de FRANCE 24, Mohammad Safadi, ministre des Finances fraîchement nommé le reconnaît : "Ce n'est pas le meilleur gouvernement parce que tous les Libanais ne sont pas représentés." Il regrette notamment l’absence des députés proches du Premier ministre sortant Saad Hariri : "Nous traversons une période difficile et nous aurions voulu que tout le monde participe à ce gouvernement."

D’autres personnes manquent dans ce gouvernement. Exemple : les femmes. "Où sont les femmes ?", s’interroge Sana Tawileh. Abir G confirme : "Zéro représentante des femmes dans ce gouvernement".

Derrière Mikati, l’ombre de Bachar al-Assad

Le premier dirigeant étranger à avoir félicité Najib Mikati pour sa nomination n’est autre que… le président syrien Bachar al-Assad. Le dirigeant syrien exerce son influence au Liban notamment grâce au Hezbollah, dont deux membres sont maintenant au gouvernement. En outre, plus de la moitié des membres du nouveau gouvernement sont connus pour partager ouvertement certaines des positions du parti chiite

Michael Young, éditorialiste au Daily Star, un quotidien anglophone libanais, n’hésite pas sur son compte Twitter à faire un lien direct entre la situation actuelle en Syrie et la nomination d’un nouveau gouvernement au pays du Cèdre : "Bachar al-Assad perd du terrain en Syrie mais vient de former un nouveau gouvernement au Liban. Un gouvernement de confrontation, bien sûr." Un "gouvernement de confrontation vis-à-vis de l’opposition", ce sont aussi les mots employés par Nabil de Freige, député proche de Saad Hariri, cité par notre correspondante Isabelle Dellerba.

L’annonce de la démission du député druze Talal Arslane, une heure seulement après sa nomination, n’est pas pour rassurer ceux qui doutent de la viabilité du nouveau gouvernement. Talal Arslane a évoqué des divergences avec Mikati et a annoncé que son parti d’accorderait pas sa confiance au nouveau gouvernement. "Si les députés de Saad Hariri et leurs alliés font de même, il n’y aura pas de gouvernement !", remarque Maya Beydoun, journaliste à Beyrouth. Enfin le blogueur politique Theodore Arz craint que ce qu’il appelle le "gouvernement pro-syrien" n'"exacerbe les tensions dans le nord [du Liban]" et fasse de la vie des réfugiés syriens "un enfer".

Face aux accusation, le nouveau Premier ministre Najib Mikati a bien essayé de rassurer les Libanais, lundi soir : "Le Liban ne basculera pas dans le camp radical en ce qui concerne ses relations avec la communauté internationale."

Pour l'activiste Doreen Khoury, "la grande question qui se pose maintenant,  c’est de savoir comment le nouveau gouvernement libanais va se comporter avec le régime qui s’écroule à côté [le régime de Bachar al-Assad, NDLR]."