logo

Holbrooke estime le défi afghan "plus pénible que l'Irak"

Richard Holbrooke, émissaire de la nouvelle administration américaine pour le Pakistan et l'Afghanistan, a affirmé ne pas avoir connu de situation aussi difficile que celle du Pakistan et de l'Afghanistan tout au long de sa carrière politique.

Reuters - Ramener la paix et la stabilité en Afghanistan sera bien plus difficile qu'en Irak, a estimé dimanche Richard Holbrooke, émissaire de la nouvelle administration américaine pour le Pakistan et l'Afghanistan.

Holbrooke, qui s'exprimait lors de la conférence de Munich sur la sécurité, a déclaré n'avoir pas connu de situation aussi difficile que celle du Pakistan et de l'Afghanistan tout au long de sa carrière politique, marquée notamment par les négociations de paix en Bosnie et la signature des accords de Dayton en 1995.

"J'ai l'impression que cela va être bien plus pénible que l'Irak", a dit l'émissaire, qui doit se rendre sur place cette semaine.

Les violences en Afghanistan ont atteint leur plus haut degré depuis 2001 et l'offensive qui avait chassé les taliban du pouvoir. Depuis quelque temps, les alliés européens des Etats-Unis guettent les invitations de Washington à envoyer plus de troupes en Afghanistan pour contribuer à contenir l'insurrection.

A Munich, le président afghan Hamid Karzai a déclaré que son gouvernement prônerait la réconciliation avec les taliban non liés à Al Qaïda afin de stabiliser le pays et stopper l'insurrection.

"Les élections à venir en Afghanistan (...) représenteront une chance appréciable de donner un nouvel élan au calendrier de la réconciliation", a-t-il dit en évoquant le scrutin présidentiel de l'été prochain.


Vers une approche régionale

Les observateurs s'attendent à ce que Barack Obama entérine l'envoi de jusqu'à 17.000 hommes supplémentaires en Afghanistan, mais des responsables américains ont déclaré la semaine dernière que le projet faisait encore l'objet de débats au sein du Conseil national de sécurité de la Maison blanche.

Egalement présent à Munich, James Jones, un général à la retraite qui dirige ce conseil, a déclaré que la faible coopération internationale et l'incapacité à adopter une approche régionale pour reconstruire l'Afghanistan avaient empêché les Etats-Unis et leurs alliés de parvenir à leurs fins.

"C'est un ensemble de problèmes régionaux. Nous en sommes venus à constater qu'il faut considérer la région comme un tout", a-t-il dit. Selon lui, la coordination internationale en Afghanistan a été "au mieux parcellaire".

A Munich, des responsables de l'administration Obama ont précisé qu'ils préparaient une stratégie multilatérale pour résoudre les conflits du type afghan, et ont aussi appelé les alliés de Washington à s'impliquer davantage.

Tant les Etats-Unis que leurs partenaires doivent prendre leurs responsabilités dans une stratégie d'"objectifs clairs et accessibles" en Afghanistan, a jugé samedi le vice-président Joe Biden devant la conférence.

Jones a renchéri dimanche, déclarant que l'Afghanistan n'était "pas simplement un problème américain" et ajoutant: "C'est un problème international." C'est pourquoi, a-t-il ajouté, "l'administration Obama travaillera en lien avec l'Otan et les gouvernements afghans et pakistanais pour créer une nouvelle stratégie globale autour d'objectifs réalisables. Ce sera un effort partagé avec nos alliés".

De son côté, le chef du commandement central américain (CentCom) David Petraeus a jugé que la question afghane n'avait "rien d'aisé".

"Je suis d'accord pour dire qu'il y aura un combat long et difficile", a-t-il déclaré.