Au cœur de la forêt du bassin du Congo vit un des plus vieux peuples du monde, les Pygmées. N'ayant aucun droit, ils sont souvent victimes d'abus et d'exploitations. Nos correspondants, Arnaud Zajtman et Marlène Rabaud les ont rencontrés.
Partie de chasse dans la forêt du Congo. Des femmes pygmées installent leurs filets. Elles lancent une battue pour faire fuir et piéger les animaux. Mais le gibier se fait de plus en plus rare. Les Pygmées ne sont plus seuls dans cette forêt. "Maintenant, les Bantous viennent chercher des feuilles et du bois pour construire leurs maisons, raconte Mokala Tshimosi, chasseuse. Cela fait fuir le gibier. En plus, ils nous forcent à travailler pour eux et ils nous battent."
"Le travail est dur. Nous n’avons pas d'outils et nous n’avons pas de terres. Nous sommes donc obligés de travailler pour eux", raconte Mwasa Savirungay, travailleuse journalière. Eux, ce sont des Bantous qui, contre 30 jours de travail, peuvent offrir une simple pièce d’étoffe.
Des enfants pygmées non scolarisés
Autrefois nomades, les Pygmées ont tendance, aujourd’hui, à se sédentariser près des villages bantous. "Aucun des nôtres ne veut faire de tels travaux, c'est pourquoi nous employons des femmes et des enfants pygmées", se défend Théophile Lusamba, un exploitant bantou.
"Nous travaillons ensemble, explique Henri Lokula, propriétaire terrien. On leur donne de quoi s’habiller ou de quoi manger. Tout ce que nous trouvons, nous le leur donnons. Mais s'ils travaillent mal, nous les fouettons."
Occupés aux champs, les enfants pygmées ne peuvent pas aller à l'école. Or, ici, en plein cœur de la forêt congolaise, seul celui qui a étudié peut espérer s’en sortir. Les autres doivent se contenter de travailler dur pour un salaire qui ne le permet pas de soigner leurs progénitures. Selon une estimation de l'agence Unicef, près d'un enfant pygmée sur trois meurt avant l'âge de cinq ans.
A l’heure où la forêt recule et où les Pygmées se rapprochent de plus en plus de leurs concitoyens, le plus difficile reste à faire : que les membres du plus vieux peuple du monde soient acceptés comme des citoyens à part entière. Déjà à l'Antiquité, des poètes grecs avaient forgé des légendes qui les présentaient comme des sous-hommes.
Regardez le reportage en haut de la page