Poussé par Paris et Londres, le Conseil de sécurité de l'ONU planche sur les termes de la résolution visant à condamner la violence exercée par le régime syrien à l'encontre de ses opposants. Le vote du texte pourrait intervenir vendredi.
Les 15 pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies s'attellent actuellement à la rédaction d'un texte condamnant les violences pepétrées par le régime syrien de Bachar al-Assad à l'encontre de ses opposants. Les diplomates doivent débattre des termes de la résolution déposée mercredi par plusieurs pays européens. Le vote pourrait intervenir vendredi.
Les ambitions de la résolution
Le texte, toujours en cours de négociations, n’est pas encore rendu public. D’après l'ambassadeur britannique à l'ONU, Mark Lyall Grant, la résolution "exige la fin immédiate des violences et condamne les violations systématiques des droits de l'Homme". Elle appelle les autorités syriennes à lever le siège des villes où est concentrée la contestation et à mettre en œuvre des réformes pour permettre "une participation politique authentique". Elle demande également à ce que "tous les pays fassent preuve de vigilance et empêchent la livraison d'armes à la Syrie".
À en croire certains diplomates, et selon une dernière version du texte obtenue par Reuters, le document condamne des atteintes "systématiques" aux droits de l'Homme qui relèvent du "crime contre l'humanité".
Les pays qui la soutiennent
La résolution est présentée par deux des cinq membres permanents du Conseil de sécurité : la France et la Grande-Bretagne. Le Portugal et l'Allemagne, membres non permanents, se sont joints à eux. Le texte est appuyé par les États-Unis.
La Russie, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a fait savoir ce jeudi qu’elle est contre toute résolution de l'ONU contre la Syrie. Une telle initiative, insiste-t-on à Moscou, "pourrait aggraver la situation dans ce pays". Tout l’enjeu pour les Européens et les États-Unis est donc d’obtenir a minima une abstention de la Russie et de la Chine, tous deux membres permanents, comme lors du vote sur la résolution à l’encontre de la Libye.
"Si quelqu'un vote contre cette résolution ou tente d'y opposer son veto, il devra en référer à sa conscience", a lancé, mercredi, le Premier ministre britannique, David Cameron, devant le Parlement à Londres. "Il faudra aller au vote de façon que chacun puisse prendre ses responsabilités", a quant à lui averti, mardi, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. "Nous serons du bon côté de l'Histoire et quand il s'agira de voter, si certains n'en sont pas capables ou ne veulent pas le faire, ce sera à eux d'en porter la responsabilité", a pour sa part averti l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, ce jeudi.
Le précédent libyen fait polémique
Une première mouture de la résolution avait été rédigée il y a un mois. Selon un diplomate interrogé par l’AFP, cette version a été amendée pour ne pas "donner l'impression de préparer le terrain à une intervention militaire comme celle en Libye". Une nouvelle clause indique que "la seule solution à la crise actuelle en Syrie passe par un processus politique élargi et dirigé par des Syriens".
Ce point est particulièrement crucial pour ne pas se heurter au veto de la Chine ou de la Russie. Interrogé par Reuters, l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a éludé la question. "Des choses ont été barrées, a-t-il déclaré. J'ai besoin d'une copie propre."
De son côté, Susan Rice a épinglé l’attitude des membres du Conseil de sécurité qui ont "hypocritement" évoqué les frappes en Libye pour justifier leur opposition à la résolution sur la Syrie. "Nous avons entendu certaines réflexions au cours de cette discussion qui, pour rester polie, suscitent le doute sur la crédibilité, voire la moralité" de leurs auteurs, a-t-elle déclaré.
Les frappes aériennes de l'Otan en Libye ont été vertement critiquées, non seulement par Pékin et par Moscou, mais aussi par l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil, membres non permanents du Conseil de sécurité. Selon eux, cette intervention militaire ne respecte pas les résolutions de l'ONU autorisant à agir pour défendre les civils.