L'ex-ministre de la Justice Rachida Dati s'est estimée "évincée" après l'annonce, mardi, d'une possible candidature du Premier ministre français dans la circonscription qu'elle vise aux législatives de 2012.
AFP - La préparation des prochaines échéances électorales vire à la foire d'empoigne au sein de la droite parisienne, la candidature possible de François Fillon aux législatives de 2012 suscitant les protestations de certains élus comme Rachida Dati ou Claude Goasguen.
Le secrétaire d'Etat au commerce extérieur Pierre Lellouche, conseiller de Paris, a affirmé mardi pouvoir "confirmer" que le Premier ministre briguera un mandat de député l'an prochain "dans la 2e circonscription" (Ve arrondissement et partie des VIe et VIIe).
"Je ne suis pas son porte-parole, mais nous en avons encore parlé mercredi. Il est décidé", a déclaré M. Lellouche au Figaro.
L'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati, qui lorgne la même circonscription, a vivement protesté.
"Je ne vois pas comment François Fillon peut arriver, ça ne lui ressemble pas, m'évincer au seul motif qu'il est Premier ministre ou qu'il en a marre de la Sarthe", a dit le maire du VIIe, s'estimant "légitime". "On en a un petit peu assez qu'on s'essuie toujours les pieds sur les femmes", a-t-elle ajouté.
Si Matignon a fermement démenti l'annonce de Pierre Lellouche --"Tout ça n'est pas d'actualité!"--, celle-ci intervient dans un climat exécrable au sein de l'UMP parisienne.
Pour le président du groupe UMP au Conseil de Paris Jean-François Lamour, Rachida Dati "n'est pas plus légitime que les autres" pour se présenter dans la 2e circonscription. "Je ne comprends pas son agressivité", a-t-il dit mardi à RTL.
Jean Tiberi, maire du Ve arrondissement, a affirmé au JDD.fr qu'il s'effacerait devant M. Fillon, s'il était candidat aux législatives dans la 2e circonscription, mais pas devant Mme Dati.
Le député-maire du XVIe, Claude Goasguen, a estimé que "Paris n'est pas l'endroit le plus adapté à des parachutages ministériels" et "regretté que Fillon ne l'ait pas compris".
Les tensions sont aussi très vives à cause des sénatoriales.
Six des huit maires UMP d'arrondissement de Paris, dont Mme Dati, ont dénoncé jusqu'à lundi la liste officielle arrêtée à l'Elysée pour Paris, composée de la ministre des Sports Chantal Jouanno, Philippe Dominati, Catherine Dumas et Daniel-Georges Courtois, proche de M. Fillon.
La liste a été confirmée lundi soir par la commission d'investiture de l'UMP.
Du coup, Pierre Charon, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, qui revendiquait la place de M. Courtois, envisage de mener une liste dissidente, persuadé qu'il sera soutenu par suffisamment de conseillers UMP de Paris pour se faire élire en septembre.
"Une liste dissidente est toujours envisageable à Paris", a confirmé Jean-François Legaret, maire du Ier arrondissement, à publicsenat.fr.
Affirmant "souhaiter débloquer la situation", M. Legaret a ajouté que le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé "ne décourage pas" les maires frondeurs, en guerre avec la fédération de Paris, dirigée par Philippe Goujon, proche de François Fillon.
Compte-tenu du résultat des dernières élections, l'UMP ne devrait obtenir que quatre sièges de sénateur à Paris, sur les 12 de la capitale.
Si M. Charon, ou M. Legaret, qui "en a marre" de la fédération de Paris, était élu sur une liste dissidente, cela se ferait au détriment de M. Courtois.
Selon des sources UMP, M. Copé, inquiet de l'arrivée à Paris du Premier ministre en qui il verrait un possible concurrent pour la présidentielle de 2017, "excite" les maires UMP contre la fédération et contre M. Fillon".