
Comme prévu, Dominique Strauss-Kahn, qui a comparu devant un tribunal de New York ce lundi, a plaidé non coupable des accusations de crimes sexuels dont il fait l’objet. Une décision qui ouvre la voie à un procès.
Sans surprise, Dominique Strauss-Kahn a plaidé non coupable devant le tribunal pénal de Manhattan, ce lundi. Face au juge Michael Obus, entouré de ses deux avocats, Benjamin Brafman et William Taylor, l’ancien patron du Fonds monétaire international (FMI), en costume sombre, a rejeté, sous serment, les sept chefs d’accusation - parmi lesquels ceux de crimes sexuels, de tentative de viol et de séquestration - dont il fait l’objet.
Dans la salle d’audience pleine à craquer, pas un bruit n’est venu troubler la lecture de l’acte d’accusation, si ce n’est celui des journalistes - français pour la plupart - pianotant frénétiquement sur le clavier de leurs smartphones afin d’alimenter leur fil Twitter. Puis, dans un silence religieux, deux mots ont fusé : "Non coupable", prononcés en anglais par DSK lui-même, alors que les caméras de télévision n'avaient pas encore reçu l'autorisation de filmer. En tout, l'événement n'aura duré que quatre minutes...
Avant sa prochaine audience, Dominique Strauss-Kahn, qui risque jusqu'à 74 ans de prison, restera en résidence surveillée à New York. Il doit porter en permanence un bracelet électronique à la cheville et ne peut quitter sa résidence que pour se rendre au tribunal, pour rencontrer ses avocats, pour des rendez-vous médicaux et pour assister à un office religieux par semaine.
Nouvelle audience le 18 juillet
En choisissant de plaider non coupable, DSK s'engage donc dans une longue procédure judiciaire dont la prochaine étape sera une nouvelle audience, prévue le 18 juillet. "Il s’agira probablement de la dernière avant le procès", explique Emmanuel Saint-Martin, le correspondant de FRANCE 24 à New York. Une audience cruciale pendant laquelle les deux parties devraient échanger les documents et les preuves en leur possession. "À cette date, les avocats de DSK vont sûrement demander les analyses ADN afin de mettre en place leur contre-enquête et leur contre-expertise", ajoute celui-ci.
En attendant le procès, c'est sur le terrain médiatique que défense et accusation vont s'affronter. À peine l’audience terminée, les avocats des deux camps ont affûté leurs arguments, affiné leur tactique et campé sur leurs positions devant le parterre de journalistes. "Non, il n’y a pas eu de rapport forcé, martèle l’avocat de Dominique Strauss-Kahn, Benjamin Brafman. Toute suggestion du contraire n’est pas crédible", ajoute-t-il sans ciller. Depuis le début de cette affaire, les avocats de DSK assurent qu’il sortira innocenté de l'affaire.
"Ma cliente souffre, elle est dévastée"
Côté accusation, Kenneth Thompson, l'avocat de Nafissatou Diallo, la plaignante, tente de faire de sa cliente un symbole. "Elle se bat pour sa dignité et son amour-propre en tant que femme, elle se bat pour toutes les femmes qui ont été agressées sexuellement dans le monde, a-t-il lancé devant les journalistes.
Ma cliente viendra au tribunal dire au monde ce que Strauss-Kahn lui a fait (...). Ma cliente souffre, elle est dévastée. Il s’agit là d’une agression terrible sur une femme innocente", a-t-il encore ajouté.
Manifestation des femmes de chambre
Plus tôt dans la journée, DSK était arrivé au tribunal dans un 4x4 noir accompagné par son épouse, Anne Sinclair, sous les objectifs d'une nuée de caméras de télévision et de photographes. Tous les journalistes présents, massés devant l’entrée du tribunal, espéraient pénétrer dans la petite salle d’audience. "C’est la cohue ici", a-t-on pu lire sur les fils Twitter de nombreux reporters français. "C’est le délire, pas sûr de pouvoir rentrer", écrit l'un. "Ça y est, j’y suis", se félicite un autre. "Je ne suis pas en pôle position mais pas non plus trop mal placée pour entrer dans la salle", twitte encore Laure Guilbault, correspondante de FRANCE 24.
itOutre la horde de journalistes qui l'attendaient, DSK a également dû faire face à un second comité d’accueil, plus hostile. Un syndicat, baptisé Hotel and Motel Trades Council, qui réunissait des femmes de chambre en uniforme, a manifesté devant le tribunal durant toute la durée de l’audience aux cris de "Shame on you !" (Honte à toi!). "C’est la première fois que l’on voit de l’hostilité envers DSK lors de son arrivée au tribunal", a commenté Emmanuel Saint-Martin à ce propos. Présentes pour soutenir Nafissatou Diallo, les manifestantes ont tenu à faire entendre leurs voix. Pari réussi : celles-ci scandaient si fort leurs slogans qu'on pouvait les entendre jusque dans la salle d’audience. Douze étages plus haut…