Le PIB tunisien a reculé de 7,8 % au premier trimestre de 2011 par rapport au dernier de 2010. L'économie du pays est plombée par l'effondrement du tourisme, consécutif à la révolte populaire qui a conduit au départ du président Ben Ali en janvier.
AFP - La Tunisie, où une révolte populaire a fait chuter en janvier le régime du président Ben Ali, a vu son PIB à prix constants reculer de 7,8% au premier trimestre 2011, plombé notamment par l'effondrement des revenus du tourisme, selon des chiffres officiels publiés par l'agence TAP.
En glissement annuel, la croissance de l'économie tunisienne a régressé de 3,3% à prix constants au premier trimestre 2011, d'après l'Institut national de la statistique (INS), cité par la TAP.
La Tunisie, habituée ces dernières années à des taux de croissance de 4% à 5%, s'attend à une stagnation de son économie en 2011. Le gouvernement craint que le chômage grimpe de 13% de la population active en 2010 à 20% cette année.
Au premier trimestre, l'INS impute le net recul du PIB à la baisse respective de la valeur ajoutée des secteurs des industries manufacturières (-4,6%) et non manufacturières (-8,6%).
L'activité économique dans le secteur des services a quant à elle baissé de 6,1% au premier trimestre sur un an, sous l'effet notable des difficultés du secteur touristique, pilier de l'économie qui génère près de 7% du PIB et emploie quelque 400.000 personnes.
D'après l'INS, la valeur ajoutée dans les services hôteliers, cafés et restaurants a affiché une baisse de 35% sur la période, et le secteur des transports a enregistré une diminution de 18,5%, dans un contexte d'incertitudes et d'instabilité dans le pays, en pleine transition démocratique.
Sur les quatre premiers mois de l'année, la fréquentation touristique en Tunisie a chuté de 41% et les recettes ont reculé de 48%, selon l’Office national du tourisme tunisien (ONTT).
Ainsi, la saison 2011 en Tunisie s'annonce "catastrophique", ont averti jeudi les professionnels du secteur lors d'une conférence de presse, en réclamant le soutien de l'Etat.
Depuis la révolte populaire qui a donné en janvier le coup d'envoi du "printemps arabe", la Tunisie a retrouvé un calme relatif mais le climat social et sécuritaire reste précaire: grèves à répétition, incertitudes sur le plan politique, crise libyenne qui déborde sur la frontière sud du pays et provoque l'afflux de réfugiés...
L'immigration illégale de milliers de Tunisiens ces derniers mois vers l'île italienne de Lampedusa a en outre conduit a un fort recul de fréquentation des Italiens, a estimé jeudi Mohamed Belajouza, président de la Fédération nationale de l'hôtellerie (FTH).
D'après Taher Saihi, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), la diminution des réservations pour la saison de pointe est évaluée entre 50% et 60%, en comparaison avec l'année 2010, les touristes ayant opté pour des destinations, telles que l'Espagne, la Grèce et la Turquie.
Boubaker Bouzrara, représentant de la Fédération régionale de l'hôtellerie, à Sousse (sud), a lancé "un cri d'alarme": sur les 104 hôtels de sa région, 30 ont fermé leurs portes.