logo

L'opposition se réunit en Turquie pour préparer une transition démocratique

Réunies à Antalya pour trois jours de débats destinés à mettre au point une "feuille de route" pour une transition démocratique en Syrie, les diverses composantes de l'opposition syrienne ont à nouveau appellé au départ du président Bachar al-Assad.

AFP - L'opposition syrienne s'est réunie mercredi à Antalya, en Turquie, pour soutenir la contestation en Syrie et réclamer le départ du président Bachar al-Assad en dépit de l'amnistie générale qu'il a décrétée la veille, jugée "insuffisante et tardive".

Plus de 300 opposants, toutes factions et ethnies confondues et en majorité exilés, auront trois jours de débats dans un hôtel de cette ville balnéaire sur la Méditerranée.

L'objectif de la réunion, selon les organisateurs, est de mettre au point "une feuille de route" pour une transition démocratique et pacifique en Syrie.

Une minute de silence a été observée pour les "martyrs" tués pendant les répressions en Syrie à l'ouverture de la "conférence pour un changement en Syrie".

Le congrès a été précédé mardi par la proclamation par le président syrien Bachar al-Assad d'une amnistie générale s'étendant aux membres des Frères musulmans et aux détenus politiques.

Depuis le déclenchement à la mi-mars des manifestations de contestation du régime, au moins 1.062 personnes ont été tuées par les forces de sécurité syriennes, souligne l'opposition.

Le chef de la délégation des Frères musulmans assistant à cette réunion, Melhem al-Douroubi, a assuré mercredi à l'AFP que "le peuple syrien réclamait la chute du régime".

"Cette annonce est insuffisante et tardive (...) C'est Assad lui-même qui doit bénéficier d'une amnistie car il a tué son peuple. Il doit partir", a-t-il dit.

Plusieurs orateurs ont condamné "les massacres" visant la population civile et réclamé le départ du président syrien.

Parmi eux figurait Dia al-Dine Dugmush, un étudiant de 25 ans, arrivé de Damas : "Je veux la démocratie, ceux qui ont commis ces crimes atroces doivent être jugés", a déclaré ce militant à l'AFP.

"Le régime (syrien) n'a plus de raisons d'être", a estimé ce jeune homme qui a été emprisonné à deux reprises pour avoir participé à la révolte syrienne.

Les participants devaient mettre en place des comités de soutien, notamment pour venir en aide à des concitoyens ayant dû quitter la Syrie à cause des répressions. Un comité de suivi sera aussi créé afin de coordonner l'interaction entre les opposants à l'intérieur et à l'extérier de la Syrie, ont indiqué des opposants.

Un militant présent au congrès a dit avoir peu d'espoir de voir les débats déboucher sur des décisions concrètes, mais affirmé que c'était "un début".

"Je crois au peuple de Syrie qui aura finalement ce qu'il demande : la démocratie", a déclaré Hossan Sibei, un ingénieur en électricité qui vit depuis 10 ans en Arabie Saoudite après avoir fui les services secrets syriens, le moukhabarat.

L'amnistie générale annoncée par Damas n'a pas non plus convaincu les Occidentaux.

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a réclamé mercredi des autorités syriennes "un changement de cap beaucoup plus clair, plus ambitieux, plus audacieux". "Je crains qu'il ne soit trop tard", a-t-il jugé.

Le président syrien n'a pas engagé de réformes sérieuses et la position de son gouvernement est "moins tenable" de jour en jour, a pour sa part déclaré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.

Les opposants réclament la libération des détenus politiques, de nouvelles élections, la fin de la suprématie du parti Baas, et la chute du régime dominé par la minorité alaouite, une branche de l'islam chiite.

Une première réunion de dissidents syriens, plus restreinte, avait eu lieu fin avril à Istanbul et les participants avaient alors appelé à l'organisation d'élections et à l'arrêt des répressions en Syrie.