Le président syrien a décrété, selon l'agence Sana, une amnistie générale concernant "tous les détenus politiques ainsi que les membres des Frères musulmans". L'opposition, réunie à Antalya, en Turquie, répond en estimant cette mesure "insuffisante".
AFP - Le président syrien Bachar al-Assad a décrété mardi une amnistie générale s'étandant aux membres des Frères musulmans et aux détenus politiques, a rapporté l'agence officielle Sana.
"Le président Assad a décrété un décret accordant une amnistie générale à tous les crimes commis avant le 31 mai 2011", indique Sana.
"L'amnistie touche tous les détenus politiques ainsi que les membres de la confrérie des Frères musulmans", selon l'agence.
La libération des détenus politiques est l'une des principales revendications des opposants en Syrie, en proie depuis la mi-mars à un mouvement de contestation inédit du régime du président Assad.
Depuis le début des manifestations, le chef de l'Etat a annoncé quelques réformes. La première a été de promulguer le 7 avril un décret accordant la citoyenneté à des habitants d'origine kurde qui en ont été privés à la suite d'un recensement controversé en 1962.
Le 21 avril, M. Assad a levé l'état d'urgence, en vigueur depuis près de 50 ans, qui réduisait sensiblement les libertés publiques, et annoncé une série de réformes.
Ainsi une commission a achevé la rédaction d'une nouvelle loi électorale "conforme aux critères internationaux" alors que des "élections libres" sont l'une des exigences du mouvement de contestation. Le projet de loi a été diffusé lundi sur internet et publié par des médias.
De plus, une commission pour rédiger une loi autorisant les partis politiques en Syrie sera formée prochainement, a annoncé mardi le quotidien officiel as-Saoura.
Mais en dépit des promesses de réformes politiques, la répression des manifestations s'est poursuivie.
Selon des groupes de défense des droits de l'Homme, plus de 1.100 civils ont été tués et au moins 10.000 personnes ont été interpellées en Syrie depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars.
Le pouvoir syrien a envoyé ces dernières semaines l'armée dans différentes villes, notamment à Tall Kalakh (150 km au nord-ouest de Damas), Homs (centre), Banias (nord-ouest) et Deraa (sud), foyers de la révolte.
Les militants politiques appellent les autorités à introduire "un véritable changement démocratique" et réclament notamment des lois modernes, sur les élections, les partis politiques et la presse, une nouvelle Constitution qui mettrait fin à la suprématie du parti Baas au pouvoir depuis 1963, ainsi que la libération de tous les détenus politiques.
Bachar al-Assad a succédé à son père Hafez al-Assad à la tête de l'Etat après la mort de ce dernier en 2000.