Le massacre de Srebrenica
En juillet 1995, l’armée de la République serbe de Bosnie, commandée par le général Ratko Mladic, entre dans l’enclave musulmane de Srebrenica, pourtant considérée comme "zone de sécurité" de l’ONU. Exactions, viols, assassinats…
En quelques jours, les hommes de Mladic massacrent plus de 8 000 hommes et adolescents alors que 400 Casques bleus patrouillent dans la région. Les victimes sont principalement des hommes. Les femmes et les enfants ont été évacués en bus. On compte néanmoins quelques enfants et plusieurs dizaines de jeunes filles parmi les victimes.
Ce nettoyage ethnique est considéré comme le pire massacre commis en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 2004, il est qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
D’abord commandant de l’armée populaire yougoslave, il prend rapidement du galon après avoir écrasé des milices croates en 1991, alors que commence la guerre de sécession qui embrasera les Balkans pour les dix années à venir. Fort de ce premier succès, il est transféré en 1992 vers la toute nouvelle Armée de la République serbe de Bosnie-Herzégovine, qu’il dirige jusqu’en 1996. C’est là que sa légende se construit. Radovan Karadzic, alors dirigeant politique des Serbes de Bosnie, le propulse à la tête des brigades chargées de l’épuration ethnique de la Bosnie. Se sentant investi d’une sorte de mission, Mladic met une réelle détermination et application à exterminer les Croates et les musulmans.
Certains le disent en quête d'une revanche : son père, partisan de Tito, aurait été tué en 1945 par un Croate pro-nazi. D’autres le voit en tueur paranoïaque et xénophobe considèrant ses ennemis comme des êtres inférieurs au service de puissances étrangères qui souhaitent l’élimination des Serbes. Il en va donc de la survie de son espèce.
Robert Block qualifie Mladic de génocidaire méthodique et contemplatif. Pendant le massacre de Srebrenica, il le décrit "au volant de sa Ford rouge, regardant, les hommes bosniaques emmenés deux par deux à l’arrière d’un camion et fusillés sommairement".
"Mladic est un expert dans l’art de prendre une pose apparemment benoîte tout en planifiant des mises à mort", continue Robert Block.
Cet homme de petite taille en impose par son charisme. Héros idolâtré par les Serbes de Bosnie et par ses troupes qui voit en lui un prince guerrier, son peuple l’admire pour son honnêteté et son intégrité, estime Robert Block. Dans un contexte de corruption très marqué, Mladic se contente d’une maison modeste à Belgrade et n’hésite pas à dormir sur des lits de camps ou en rase campagne avec ses troupes en Bosnie.
Guerrier jusque-boutiste
Alors que l’Europe découvre l’horreur sur ses propres terres après plus de deux ans de guerre et brandit la menace de bombardements de l’Otan, Mladic écarte la possibilité d’une intervention militaire internationale. En 1994, malgré les conseils de Slobodan Milosevic qui sent le vent tourner, Radko Mladic veut continuer la guerre à tout prix.
"Refuser le plan de paix et poursuivre la guerre". C’est en ces termes que le chef militaire implacable justifie, dans
ses carnets retrouvés en 2010, son refus jusqu’au-boutiste de négocier avec la communauté internationale. L’Otan intervient finalement en 1995 et les accords de paix de Dayton sont signés en l’absence de Karadzic et Mladic, déjà en fuite.
Radovan Karadžić a été arrêté en juillet 2008 à Belgrade. La cavale de Mladic vient à peine de prendre fin. Il devrait être transféré dans les plus brefs délais devant le TPIY.