![L'aéroport de Sanaa ferme ses portes après de violents combats L'aéroport de Sanaa ferme ses portes après de violents combats](/data/posts/2022/07/16/1657965036_L-aeroport-de-Sanaa-ferme-ses-portes-apres-de-violents-combats.jpg)
Mercredi, l'aéroport de Sanaa a été fermé et plusieurs vols détournés vers le Sud, à la suite de violents combats. Ces violences opposent la garde républicaine, fidèle au président Saleh, à des membres d'une tribu dirigée par un chef islamiste.
AFP - De violents combats ont opposé mercredi à Sanaa les forces fidèles au président contesté du Yémen Ali Abdallah Saleh à des membres de tribus armées, forçant la fermeture de l'aéroport, au moment où le président Barack Obama appelait le chef de l'Etat à céder le pouvoir.
La contestation populaire de M. Saleh, au pouvoir depuis près de 33 ans, a pris un nouveau tournant avec de premiers combats armés lundi dans la capitale yéménite entre troupes fidèles au chef d'Etat et partisans d'un des plus puissants chefs tribaux du pays, Sadek al-Ahmar, chef de la tribu des Hached.
Ces affrontements ont continué mercredi faisant en trois jours au moins 44 morts, selon des sources des deux camps. Les échanges de tirs ont baissé d'intensité en soirée alors que cheikh Ahmar a fui sa demeure à Sanaa, selon des sources tribales.
En soirée, des affrontements entre la Garde républicaine et des membres d'une autre tribu hostile à M. Saleh ont éclaté à proximité de l'aéroport de Sanaa, forçant sa fermeture et le détournement des vols vers le Sud, a indiqué une source aéroportuaire.
"L'aéroport de Sanaa a été fermé et les vols ont été détournés vers l'aéroport d'Aden", la capitale du Sud, a-t-elle déclaré.
Selon des sources tribales, les combats opposent la Garde nationale à des membres de la tribu Arhab, dirigée par l'influent chef islamiste, cheikh Abdelmajid Zendani, accusé par Washington de soutenir le terrorisme.
L'une de ces sources a affirmé que des membres armés d'une tribu à Amrane, à 50 km au nord de Sanaa, s'étaient dirigés vers la capitale pour se joindre aux forces hostiles à M. Saleh qui avait mis en garde contre une guerre civile.
Lors des combats mardi, la demeure dans le quartier d'Al-Hasaba (nord) de cheikh Ahmar avait été visée par un missile. Ce tir et les combats autour de la demeure qui accueillait une rencontre de chef tribaux a fait 38 morts, selon les proches de cheikh Ahmar.
Le quartier était coupé du reste de la ville où les civils tentaient de se mettre à l'abri des violences.
Les partisans de cheikh Ahmar, devenu la bête noire du régime depuis qu'il s'est rallié à la contestation en mars, ont pu néanmoins prendre le contrôle du siège de l'agence de presse officielle Saba qui a toutefois continué à diffuser la parole officielle.
Ils ont aussi pris le contrôle de la compagnie aérienne nationale Yemenia, selon un haut responsable.
Les tribus, l'un des piliers du régime et toutes armées, avaient commencé à basculer dans l'opposition en février.
Face à la recrudescence des violences, de nombreux habitants ont fui la capitale où se multiplient les coupures d'électricité et d'eau.
Sur la place de l'Université, épicentre de la contestation lancée fin janvier, le nombre de manifestants qui campaient en permanence depuis des mois, a nettement diminué, certains disant vouloir se joindre aux partisans de cheikh Ahmar.
Pour des analystes, ces combats ont été provoqués par des partisans de M. Saleh, qui a choisi la fuite en avant, après avoir refusé de signer dimanche un plan de sortie de crise proposé par les monarchies arabes du Golfe.
"Devant ce blocage qu'il a lui-même créé, Saleh a opté pour la stratégie du chaos", a estimé Frank Mermier, un chercheur du CNRS, expert du Yémen. Il veut pousser ces monarchies, dont l'Arabie saoudite est le chef de file, à "lancer une nouvelle médiation avec un plan amendé qui serait à son avantage".
Le plan du CCG prévoit la formation par les opposants d'un cabinet de réconciliation et la démission un mois plus tard de M. Saleh en échange de l'immunité pour lui et ses proches, puis une présidentielle dans les 60 jours.
Les Etats-Unis, qui avaient appelé M. Saleh à signer ce plan, sont revenus à la charge. "Nous appelons le président Saleh à honorer immédiatement son engagement à transférer le pouvoir", a déclaré Barack Obama à Londres.
M. Saleh était considéré comme un allié de taille de Washington dans la lutte contre Al-Qaïda, bien implanté au Yémen.
Enfin, le patron de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit "profondément troublé" par les combats, appelant à trouver une solution pacifique.