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Christine Lagarde se porte candidate à la direction générale du FMI

La ministre française de l'Économie a décidé de présenter sa candidature pour succéder à Dominique Strauss-Kahn à la direction du FMI. Au cours du G8 de Deauville, les Européens vont pouvoir la soutenir face aux pays émergents.

Le successeur de Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds monétaire international pourrait bien être une femme. Et qui plus est, une Européenne, conformément à la coutume depuis la création de cette institution en 1945. La ministre française de l’Économie, Christine Lagarde, a officiellement annoncé sa candidature au poste de directeur du FMI lors d'une conférence de presse organisée à Bercy, ce mercredi, en fin de matinée.

"J'ai décidé de présenter ma candidature", a-t-elle déclaré devant la presse. Elle s'est également "engagée" à "respecter" la durée du mandat des directeurs généraux du FMI si elle était élue à la tête de cette institution, soit cinq ans.

Plusieurs grands pays européens, comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou l'Italie, s'étaient déjà prononcés en faveur de la candidature de Christine Lagarde au Fonds monétaire international, passant outre le risque de voir des démêlés judiciaires entacher la candidature de la ministre française. it
Christine Lagarde se porte candidate à la direction générale du FMI
Hors d'Europe, Christine Lagarde va devoir batailler face aux prétentions des pays émergents de voir l'un de leurs ressortissants accéder à la tête du FMI alors que la fonction de directeur général était jusqu'ici réservée à un européen.
Les autres candidats ont jusqu’au 10 juin pour faire connaître leur candidature auprès du conseil d’administration de l’institution qui se donne jusqu’au 30 juin pour se doter d’un nouveau directeur après la démission de Dominique Strauss-Kahn, inculpé dans une affaire de tentative de viol et d'agression sexuelle à New York.
Un profil adapté au poste
Christine Lagarde : les dates clés

- 1er janvier 1956 : Naissance à Paris
- 1981 : Rejoint le bureau parisien du cabinet d’avocats Baker & McKenzie
- 1999 : Départ à Chicago, devient la présidente du comité exécutif de Baker et McKenzie
- 2002 : Le Wall Street Journal la classe cinquième femme d’affaires européenne
- 2005 : Ministre du Commerce extérieur du gouvernement de Dominique de Villepin
- 2007 : Ministre de l’Agriculture et de la Pêche
- 2007 : Ministre de l’Economie et de l’Emploi
- 25 mai 2011 : Se déclare candidate à la direction du FMI
- 28 juin 2011: Nommée directrice générale du FMI

La candidature de Christine Lagarde est crédibilisée par une solide expérience internationale. A 55 ans, cette habituée du Forum économique mondial de Davos peut mettre en avant sa maîtrise impeccable de l’anglais et sa longue expérience américaine, couronnée par la présidence, pendant cinq ans, du cabinet d’avocats d’affaires Baker & McKenzie.
Sa gestion sans accroc de la crise économique et financière depuis son ministère à Bercy, et de la présidence du G20 lui a valu non seulement le respect de ses pairs européens, mais l’admiration des Américains qui ont vu en elle une alliée.
"Christine Lagarde a une très grande popularité à l’étranger, notamment auprès des Américains qui adorent son parcours aux Etats-Unis. Elle y a un carnet d’adresse formidable ce qui avait beaucoup impressionné Nicolas Sarkozy", raconte le journaliste économique Stéphane Marchand, sur le plateau de FRANCE 24.
Le Wall Street Journal en a fait la cinquième femme la plus influente du monde, tandis que le Time la classait parmi les 100  personnalités les plus influentes en 2010. Timothy Geithner, secrétaire au Trésor d’Obama, apprécie quant à lui sa vivacité d’esprit, déclarant qu’elle a l’"esprit rapide comme l’éclair".
Les Européens attendent désormais le soutien des Etats-Unis. Le sommet du G8 de Deauville, qui s'ouvre ce jeudi, tombe à point nommé : il devrait permettre à la France de sonder les intentions américaines, et de soutenir sa candidate.
Une fervente sarkozyste
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Les atouts de Christine Lagarde
Christine Lagarde se porte candidate à la direction générale du FMI
En France, si Christine Lagarde renvoie parfois cette image de grande bourgeoise aux sempiternels colliers de perle, sa courtoisie, sa franchise et son passé de sportive de haut niveau (ex-championne de France de natation synchronisée, adepte du yoga), lui valent également une large popularité.
"C’est une femme posée, avec beaucoup d’allure, une voix profonde et une grande nageuse. Elle est très populaire auprès des Français", estime le journaliste Stéphane Marchand.
Bien que considérée comme plus libérale que la plupart des ministres de son gouvernement, Christine Lagarde est dans la droite ligne du sarkozysme politique. Les critiques peinent d’ailleurs à distinguer chez elle une ligne directrice et assurent qu'elle n'a fait qu'exécuter la politique décidée par Nicolas Sarkozy.
"Il ne suffit pas de lire les rapports. À un moment, le directeur général doit suivre ses propres idées", tempère un ancien collègue de Dominique Strauss-Kahn au FMI.
Une ombre au tableau : l’affaire Tapie
Si elle est donnée favorite, la patronne de Bercy pourrait être handicapée par ses ennuis judiciaires. Un procureur français a récemment menacé Christine Lagarde d’ouvrir une enquête pour sa gestion du règlement par un tribunal arbitral dans l’affaire opposant Bernard Tapie à la banque du Crédit lyonnais. L’affaire s’est soldée avec une facture astronomique pour l’Etat français et le contribuable de 385 millions d’euros.
La commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) pourrait décider de l'ouverture d'une enquête lors de sa prochaine réunion, fixée au 10 juin.
                         
Mercredi matin, Christine Lagarde a dit avoir "toute confiance" dans la procédure qui pourrait aboutir à une enquête dans le cadre de l'affaire Tapie. La ministre a déclaré qu'elle avait la "conscience parfaitement tranquille".
Elle entend d'ailleurs maintenir sa candidature même si une enquête est ouverte en juin.
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