logo

Le parquet estime J-L. Gergorin seul instigateur de la manipulation

Lundi, l'un des deux avocats généraux du procès en appel de l'affaire Clearstream a chargé dans son réquisitoire l'ancien vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin. Sans lui, "il n'y aurait pas d'affaire Clearstream", a-t-il déclaré.

AFP - L'un des deux avocats généraux au procès en appel de l'affaire Clearstream a estimé lundi dans son réquisitoire que la dénonciation calomnieuse était "à l'instigation de Jean-Louis Gergorin seul", aidé par le mathématicien Imad Lahoud, petite main efficace.

"Malgré quatre ans d'instruction, a averti Dominique Gaillardot, je ne suis pas sûr que nous aurons des réponses à toutes nos questions, notamment la première: pourquoi cette manipulation, dans quel but, au profit de qui ?".

Le dossier Clearstream est une vaste affaire de dénonciation calomnieuse au cours de laquelle des noms, dont celui de Nicolas Sarkozy, ont été ajoutés sur des "listings" bancaires afin de faire croire qu'ils trempaient dans de sombres affaires de corruption.

"Il y a cependant des éléments tangibles, des évidences, a-t-il poursuivi: oui, il y a bien eu une dénonciation et cette manipulation est à l'instigation de Jean-Louis Gergorin et de Jean-Louis Gergorin seul".

Selon l'avocat général, l'ancien vice-président d'EADS a tenté de "déstabiliser tous ceux qui ne partageaient pas sa vision de l'avenir du groupe". Cette dénonciation calomnieuse, visant plusieurs de ses ennemis au sein d'EADS, était "une manière à garantir sa capacité d'influence et tout simplement sa place au sein du groupe".

"Non seulement, Jean-Louis Gergorin est de mauvaise foi, mais plus prosaïquement, sans Gergorin, il n'y aurait pas d'affaire Clearstream", a estimé le représentant du ministère public, pour qui "sans Gergorin, il n'y a pas de Lahoud". "Le couple improbable Lahoud-Gergorin, c'est la rencontre de deux intelligences, l'une scientifique et l'autre stratégique, mais de deux intelligences perturbées".

Selon lui, "les +listings+ sont bien la résultante des obsessions de l'un et des manipulations de l'autre".

"C'est une chose d'avoir une obsession, c'est autre chose que d'y croire contre toutes les évidences", a déploré Dominique Gaillardot, stigmatisant "une mauvaise foi" et "une volonté de nuisance hors du commun".

Croire qu'il s'est laissé manipuler par Lahoud, "ce serait faire offense à son intelligence", a brocardé l'avocat général, avant de conclure: "Ne vous laissez pas abuser par la fable du corbeau qui veut se faire passer pour un pigeon".

Mais cette responsabilité ne gomme pas pour autant celle de Lahoud, a-t-il dit. Selon lui, "indéniablement, Lahoud est un menteur, un affabulateur, un manipulateur".

"Nous avons affaire à un escroc, un vrai", a-t-il affirmé. "Ne vous laissez pas abuser par sa position d'aujourd'hui, celle d'un modeste professeur de mathématiques", a-t-il encore mis en garde. Car "il est un rouage essentiel de cette manipulation. Sans lui, les fichiers n'auraient pas été récupérés, transformés ni transmis."

Selon l'avocat général, la piste de la vengeance politique, privilégiée en première instance par Nicolas Sarkozy, dont le nom figurait sur les "listings" Clearstream, ne peut être à l'origine de la manipulation. La manipulation aurait trouvé son origine dans "une rivalité industrielle", puis, "dans un second temps", elle aurait eu des conséquences politiques.

A 17H25, l'avocat général, qui se charge du cas Villepin, a pris la relève. Il devrait à l'issue de son réquisitoire annoncer le quantum des peines demandées.

En première instance, le parquet avait requis 18 mois de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende contre Villepin.

Parallèlement, il avait requis deux ans de prison, dont 18 mois ferme, à l'encontre d'Imad Lahoud et trois ans de prison, dont 18 mois ferme, à l'encontre de Jean-Louis Gergorin, ainsi que 45.000 euros d'amende à l'encontre des deux hommes.

Le 28 janvier 2010, Dominique de Villepin a été relaxé, tandis que Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud ont été condamnés à respectivement 15 et 18 mois de prison ferme, assortis d'une amende de 40.000 euros.