“Un torrent de blagues sexistes”, se désole le mouvement Osez le féminisme. Depuis l’éclatement de l’affaire DSK, les défenseurs de la cause féministe déplorent le ton de l’écrasante majorité des commentaires sur les réseaux. Samedi pourtant, l’ex-directeur général du FMI a bel et bien été appréhendé par la police sur des allégations d’agression sexuelle sur une femme de chambre à New York ! “Il s’agit d’un crime grave s’il est avéré, et en aucun cas d’un sujet de plaisanterie”, souligne Thalia Breton, d'Osez le féminisme, jointe par France24.com.

Mais sur Internet, l’humour n’a visiblement pas de limites. “DSK préfère l’érection à l’élection”, “Pour DSK, plus d'élection à cause d'une érection”,  “Campagne érection présidentielle 2012 : nettement sous la ceinture”, peut-on lire sur Twitter. Les blogueurs les plus influents, comme Maître Eolas, y vont aussi de leur trait d’esprit : “DSK toujours favori de l’érection présidentielle”, écrivait-il le 15 mai en référence aux sondages qui désignaient le socialiste comme le mieux placé dans la course à l’Élysée.

Du sarcastique au glauque

Aucun rebondissement de l’affaire n’échappe aux sarcasmes des internautes. Mercredi, lorsque le “New York Post” rapportait que la victime présumée vivait dans un immeuble dans lequel résident exclusivement des personnes séropositives (ce qu’a d’ailleurs démenti son avocat), un utilisateur de Twitter ironisait aussitôt sur “la malchance de DSK, qui pourrait bien avoir le Sida”.

Dans le même registre, des développeurs ont mis en ligne un jeu en flash dans lequel l’internaute contrôle une caricature de DSK nu et devant attraper des femmes de ménage qui tombent du ciel. On peut également citer un blog qui compile les jeux de mots sur l’affaire et appelle ses lecteurs à lui en soumettre. Pour illustrer le florilège : un montage de l’affiche du candidat à la présidentielle de François Mitterrand en 1981 sur laquelle DSK a remplacé l’ex-président - le slogan “J’la force tranquille” se substituant à “La Force tranquille”.

“DSK : j’la force tranquille” est d'ailleurs le nom d'un groupe Facebook qui met en avant les vidéos humoristiques, les photomontages, mais aussi les rumeurs qui circulent sur l’affaire. Cette page compte aujourd’hui 18 000 aficionados...

Alors, peut-on rire de tout ? Certainement pas avec tout le monde... Dès que le scandale a éclaté, les mouvements féministes sont montés au créneau pour dénoncer la gravité de la situation - si le viol est avéré. 

“Un message dangereux pour les victimes de viol”

À l’heure où seule une victime de viol sur dix porte plainte en France, Thalia Breton s’inquiète du dangereux message envoyé aux victimes d’agressions sexuelles. “Avec tout ce déballage, une victime risque de penser que si elle parle, elle sera sujette à des moqueries, en plus d’être traumatisée”, souligne la féministe. “Il faut faire entrer dans les mentalités qu’un crime sexuel est grave. Ce qu’on voit en ce moment prouve que la violence contre les femmes n’est pas un problème pris au sérieux”.

Dans son ouvrage “Histoire du viol”, l’historien français Georges Vigarello décrit  la violence sexuelle comme “le pire crime de tous”, qui peut “entraîner la destruction de l’identité” voire la “mort psychique” de la victime. Or, seulement 2% des violeurs sont appréhendés et condamnés devant les tribunaux.