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Slogans, stratégie Internet et mobilisation des militants... Tout dans la campagne menée par Obama est bon à copier. Les candidats aux législatives israéliennes l’ont bien compris et se sont emparés des méthodes du président américain.

On ne change pas une équipe qui gagne. Une campagne qui gagne non plus ! Les candidats israéliens aux élections du 10 février l’ont bien compris et se sont mis à l’heure américaine.

Quiconque visite les sites Internet des principaux partis politiques en Israël ne peut que le relever : la campagne israélienne et celle qu’a menée avec succès le président américain Barack Obama se ressemblent comme deux gouttes d’eau… ou presque.


"Tout le monde va désormais copier Barack Obama, de Nicolas Sarkozy à Gordon Brown", explique Jake Lamar, membre des Democrats Abroad et l’un des conseillers de la campagne démocrate américaine en France. "C’est un accident du calendrier que les élections israéliennes tombent en premier."


La ressemblance entre la campagne israélienne et son aînée outre-Atlantique est frappante : récupération de slogans, d’interfaces électroniques, de stratégies de communication et de mobilisation… Tout y passe.


Les formations israéliennes ne s’en cachent d’ailleurs pas. Sani Sanilovich, le coordinateur du projet Internet pour le parti du Likoud , déclare au quotidien Haaretz daté du 24 novembre que le leader du parti, Benjamin Nétanyahou, désire une campagne "style Obama".


 

Le parti socialiste Meretz est même allé jusqu’à embaucher deux des principaux conseillers de la campagne Obama : David Fenton et Tom Mazzei. Le directeur de campagne du parti, le député Avshalom Vilan, explique à FRANCE 24 que l’objectif est d’attirer l’électorat jeune désabusé par la politique. "La seule façon d’atteindre les jeunes est par le biais d’Internet. Pour cette raison nous avons décidé de consacrer 50 % de notre budget de campagne à la stratégie Internet."


La ressemblance entre les deux campagnes s’articule essentiellement autour de trois éléments : la récupération du message politique, l’usage massif d’Internet et des nouvelles technologies et la mobilisation des militants.

Récupérer le message ou comment chanter à l’unisson

Le président américain s’est présenté comme le candidat du changement. La conjoncture politique et économique s’y prête : le président Bush est au plus bas dans les sondages et la crise financière fait des ravages dans le pays. Les slogans qui appellent au renouveau foisonnent : "Make a Difference" ("Faites bouger les choses"), "Change Can Happen" ("Le changement peut se produire"), "Change is Coming" ("Le changement arrive").


La campagne israélienne se déroule dans des circonstances quelque peu similaires avec un Premier ministre démissionnaire et faisant l’objet de plusieurs enquêtes judiciaires et une économie frappée par la crise. Nombre de partis ont ainsi repris le message d’Obama dans l’esprit et parfois même dans la formulation. Le parti du Likoud a calqué plusieurs slogans même s’il a parfois fait l’effort de les nuancer.

Mais c’est le parti sépharade religieux Shass qui remporte la palme d’or du plagiat en récupérant le fameux "Yes We Can". Au grand dam du quotidien de gauche Haaretz qui critique sévèrement l’appropriation du message rassembleur d’Obama au profit des intérêts d’un parti "très dangereux pour le tissu de la société israélienne".


Mais entre les campagnes américaine et israélienne, il existe une différence de taille. "Ce qui est étonnant, s’exclame Lamar, c’est qu’il ne s’agit pas de candidats du changement comme l’était Obama." En effet, "Ehud Barak et Benjamin Nétanyahou sont des anciens Premiers ministres, note Samy Bochner, correspondant du Jerusalem Post. "Et Tzipi Livni fait partie du gouvernement sortant."


La stratégie du copier-coller


L’équipe Obama se félicite d’avoir mené la plus importante campagne sur le Net jamais organisée afin d’informer les électeurs, de les sensibiliser mais aussi de recruter massivement les sympathisants. La stratégie ayant porté ses fruits, elle a été adoptée par de très nombreux partis israéliens.

Les blogs, les réseaux sociaux de type Facebook ou Twitter, et les sites communautaires fortement présents dans la campagne américaine font également recette en Israël. Tous les principaux partis affichent sur leur page d’accueil un bouquet de sites pour communiquer et interagir avec les électeurs.

L’objectif de mieux connaître son électorat s’accompagne d’un autre but : celui de mettre au point des bases de données qui s’inspirent de la désormais mythique base d’Obama qui répertorie 13 millions d'adresses électroniques.


Mobiliser les militants dans le virtuel et le réel


Au-delà de l’engouement massif qu’a suscité le candidat Obama sur le Web, le véritable succès de sa campagne tient au fait d’avoir poussé ses partisans, notamment les jeunes, à quitter leur écran pour militer sur le terrain. Cette génération qui a grandi avec Internet, et l’a intégré dans ses modes d’information et d’interaction sociale, s’est mobilisée en masse (1,2 million) entrant en contact avec des dizaines de millions d’électeurs, soit par téléphone, soit par le porte-à-porte.


Les campagnes des principaux partis tentent de reproduire ce même schéma en appelant le public à se porter volontaire. Ils fournissent même à leurs sympathisants des formulaires qui plagient ceux de la campagne Obama. Les militants sont appelés à choisir entre diverses activités de nature logistique, organisationnelle, financière ou de servir comme observateurs le jour des élections.

Le volontariat n’est pas l’unique façon d’apporter son soutien aux candidats. Faute de temps, les supporters sont également sollicités financièrement. Comme dans la campagne d’Obama, la première à être financée à la manière du Téléthon avec une majorité de petites sommes n’excédant souvent pas les 200 euros, les Israéliens sont invités à faire des dons aux partis qu’ils soutiennent montrant ainsi leur implication dans la campagne.


Reste à savoir si la stratégie du plagiat sera bénéfique aux candidats israéliens. Lamar estime qu’elle pourrait "réussir en certains points". Mais ajoute toutefois : "Dans les années 1960, plusieurs groupes ont imité les Beatles. Certains étaient bons, d’autres moins bons. Mais ils n’étaient pas les Beatles."