L'ex-premier ministre a été auditionné, comme témoin, par un juge de Tahiti qui enquête sur la disparition d'un journaliste, et examine l'hypothèse d'un lien entre cette affaire et le supposé compte de Jacques Chirac au Japon.
REUTERS - L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a été entendu comme témoin à Paris par un juge de Tahiti enquêtant sur la disparition d'un journaliste en 1997, a confirmé vendredi son avocat Olivier d'Antin.
L'avocat, qui n'était pas présent à l'audition de jeudi, n'a pas souhaité en détailler le contenu. Selon l'Express.fr, Dominique de Villepin a affirmé au magistrat que Jacques Chirac n'avait jamais possédé de compte bancaire occulte au Japon.
Cette audition menée dans les locaux du pôle financier semble conduire à celle de Jacques Chirac, déjà programmée pour les prochaines semaines, à en croire le Canard enchaîné.
Le juge de Tahiti Jean-François Redonnet est chargé de l'enquête ouverte pour "assassinat" sur la disparition en 1997 du journaliste Jean-Pascal Couraud, hostile à Gaston Flosse, l'ex-président et homme fort de la Polynésie française dans les années 1980 et 1990 et proche de l'ancien président français.
Le magistrat examine l'hypothèse soutenue par la famille du disparu selon laquelle il a été assassiné parce qu'il avait découvert des liens financiers entre le supposé compte japonais de Jacques Chirac et Gaston Flosse.
Cette hypothèse semble très fragile, dans la mesure d'abord où le corps du disparu n'a jamais été retrouvé et que son assassinat n'est pas avéré.
Le magistrat dispose d'une déposition d'un ancien membre du service d'ordre de Gaston Flosse parlant d'un meurtre et a découvert lors d'une perquisition chez ce dernier une lettre d'un autre membre de ce service d'ordre racontant que le journaliste a été enlevé, torturé puis jeté à l'océan.
L'autre fragilité du dossier est la faiblesse des éléments reliant l'affaire au supposé compte japonais de Jacques Chirac, dont l'existence, niée par l'ancien président, est par ailleurs loin d'être avérée.
Après une perquisition aux services secrets en juin 2008, ce magistrat a obtenu ces derniers mois la remise de documents classés "secret-défense" relatifs à l'existence éventuelle de ce compte bancaire, qui ne semblent pas permettre de conclure.
Le soupçon sur l'existence d'un compte japonais est né d'une déposition en mars 2006 du général Philippe Rondot, spécialiste du renseignement. Il avait alors dit que le compte Chirac existait à la Tokyo Sowa Bank et était crédité de 300 millions de francs (environ 45 millions d'euros) vers 1996.
Il est ensuite revenu sur ces propos dans les médias et devant le juge Redonnet.