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Échange de tirs meurtrier dans le nord du pays

Deux militaires tunisiens et deux hommes suspectés d'appartenir à Al-Qaïda ont été tués au cours d'un échange de tirs à Rouhia. Le ministère tunisien de l'Intérieur indique que des "terroristes" ont ouvert le feu sur l'armée diligentée sur les lieux.

AFP - Un colonel et un soldat de l'armée tunisienne ont été tués mercredi à Rouhia (nord) dans des échanges de tirs avec des hommes "fortement suspectés d'appartenir à Al-Qaïda", devenant les premières victimes de "terrorisme" dans la Tunisie post-Ben Ali, selon des sources tunisiennes.

"C'est la première fois depuis la révolution (tunisienne qui a causé la chute du président Ben Ali, le 14 janvier) que des militaires tunisiens se font tués par des terroristes", a déclaré à l'AFP une source militaire confirmée par une source judiciaire.

Quatre personnes - un colonel et un soldat de l'armée tunisienne ainsi que deux Libyens - ont été tuées par des tirs mercredi à Rouhia, située à environ 200 km de la frontière algérienne, selon des sources autorisées.

"Le soldat Walid Haji et le colonel Tahar Ayari sont morts dans ces échanges de tirs", ainsi que "les deux Libyens qui avaient sur eux des passeports libyens", a déclaré une source sécuritaire.

Le fils du colonel, Yassine, qui cherchait désespérément à avoir des nouvelles sur son père sur sa page Facebook, a finalement appris sa mort et salué la mémoire d'un "homme courageux".

Les deux hommes qui ont ouvert le feu sur les forces tunisiennes sont "fortement suspectés d'appartenir au réseau Al-Qaïda", ils "portaient des ceintures d'explosifs" et il s'agit de "terroristes", a déclaré à l'AFP une source autorisée.

La radio tunisienne Mosaïque FM a rapporté que ces affrontements ont opposé l'armée à un "groupe armé de 9 personnes de nationalités tunisienne, algérienne et libyenne appartenant au réseau Al-Qaïda".

Les échanges de tirs, selon une source sécuritaire, ont démarré après l'arrivée "de deux hommes en provenance de Sbiba qui se sont dirigés vers un parc de stationnement à Rouhia où un gardien les a aidés à transporter leurs bagages, mais qui a été surpris par leur poids" avant d'alerter la police et l'armée.

Dès leur arrivée sur les lieux, les "deux Libyens ont commencé à tirer et il y a eu un échange de tirs entre l'armée et ces deux hommes", a ajouté cette source.

Le ministère tunisien de l'Intérieur a indiqué que les forces de l'ordre "avec l'aide de quelques citoyens ont pu aux alentours de 06h55 (locales) découvrir trois terroristes armés dans la région de Rouhia". "Ces terroristes on tiré sur des unités de l'armée et de la garde nationale, blessant trois soldats avec des balles réelles dont l'un d'entre-eux, un colonel, est décédé". "Deux de ces terroristes ont été tués, tandis que le troisième a réussi à s'enfuir.

Un habitant contacté sur place a ajouté que deux civils avaient été blessés dont un grièvement et que des hélicoptères de l'armée survolaient mercredi la région.

Dimanche, les autorités avaient annoncé l'arrestation d'un Algérien et d'un Libyen, suspectés d'appartenance à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et en possession d'explosifs, à Nekrif (sud), dans la région de Tataouine.

Il s'agissait de la "première arrestation" de membres présumés d'Aqmi en Tunisie où l'armée a renforcé ses patrouilles le long de la frontière sud avec la Libye.

Aqmi est une organisation islamiste armée d'origine algérienne, connue avant le 25 janvier 2007, sous le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Son affiliation au réseau Al-Qaïda a été approuvée par Oussama Ben Laden, tué par un commando américain au Pakistan le 2 mai.

Fondée en 2007 par Abdelmalek Droukdal, Aqmi affiche comme objectif la révolution islamique dans les pays du Maghreb et du Sahel. Elle a été placée sur la liste officielle des organisations terroristes par les Etats-Unis.

Le 11 avril 2002, la Tunisie avait été frappée par un attentat contre la synagogue de Djerba (sud) revendiqué par Al-Qaïda, qui avait fait 21 morts.