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Les socialistes face au scandale ‎"DSK"

Après l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, le Parti socialiste cherche à remettre de l'ordre dans ses rangs en vue de la présidentielle de 2012. Décryptage.

L’onde de choc provoquée par l’arrestation et l'inculpation du patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a ébranlé le paysage politique français à un an de la présidentielle. Cette affaire plombe surtout les desseins du Parti socialiste, qui doit réunir mardi sa direction. Selon les derniers sondages d'opinion, "DSK" était considéré depuis plusieurs mois comme le candidat le plus populaire de la gauche mais surtout le seul capable de faire chuter le président sortant Nicolas Sarkozy, en 2012.

Hors-jeu

Malgré les appels à la prudence et à la retenue émanant de son parti, DSK apparaît toutefois hors-jeu, du moins temporairement, aux yeux des analystes politiques. "Si les faits sont confirmés, sa candidature devient extrêmement compliquée, voire impossible", explique Roselyne Fèbvre, spécialiste de politique française à FRANCE 24.  De son côté, Christopher Dickey, chef du bureau de l’hebdomadaire américain Newsweek, est tout aussi sceptique quant à l’avenir politique du patron du FMI. "Même s’il est prouvé que les faits reprochés ne sont pas avérés, le processus judiciaire pourrait durer plusieurs mois, voire des années”, explique-t-il à FRANCE 24.  Selon lui, cette affaire pourrait en effet obliger Dominique Strauss Kahn à rester aux États-Unis, "d’où il ne pourra certainement pas briguer la présidence française", conclut-il.

Vers un duel entre Aubry et Hollande ?

Cette arrestation change la donne au sein du Parti socialiste qui s’efforce de se démarquer de l’affaire DSK. "Ce n'est pas une affaire du PS, c'est clair, ne mélangeons pas les choses", affirmait dimanche sur LCI, Jean-Marc Ayrault, patron des députés socialistes. Lundi, le Secrétaire national à la coordination du parti, Harlem Désir, a appelé les socialistes à "garder le cap pour 2012", qualifiant les déboires judiciaires de DSK "d’affaire privée, pas politique". Il a réaffirmé que les primaires "auront lieu aux dates prévues", avec dépôt des candidatures du 28 juin au 13 juillet et un premier tour le 9 octobre.

Les regards semblent se tourner désormais vers François Hollande, l’ancien premier secrétaire du PS, candidat déclaré aux primaires depuis mars. Fort d’une progression régulière dans les sondages depuis quelques mois, le député de Corrèze (centre) âgé de 56 ans récolte les fruits d’une campagne menée tambour battant. Il reste le seul cadre imminent du PS, avec Ségolène Royal, à avoir dévoilé ses plans. Il pourrait retrouver face à lui, Martine Aubry, sa rivale historique et maire de Lille qui lui avait succédé à la tête du parti en novembre 2008. Liée au patron du FMI par un pacte selon lequel l'un ne se présenterait pas contre l'autre, elle pourrait par la force des choses se lancer à son tour dans la course à l’Elysée.

"L’arrestation de DSK a changé la donne et créé un vide au PS. Mais cela ne compromet en rien les chances de la gauche à la présidentielle", analyse le sociologue Michel Wieviorka, interrogé par FRANCE 24. Cet ami de Martine Aubry, affirme que la victoire en 2012 dépendra "de la capacité de la gauche à rester unie et à présenter un candidat qui pourrait séduire une majorité d’électeurs", poursuit-il. Les socialistes n’ont plus que quelques mois pour le trouver.