Des partisans du président yéménite Ali Abdallah Saleh ont tiré, samedi, sur des manifestants qui protestaient contre le régime à Taëz, au sud de Sanaa. Le premier bilan fait état de quinze blessés par balles.
AFP - Quinze manifestants ont été blessés par balles, dont l'un grièvement, samedi à Taëz, au sud de Sanaa, lorsque des civils armés ont ouvert le feu sur une marche de protestation contre le président Ali Abdallah Saleh, ont indiqué des témoins et une source médicale.
L'attaque témoigne d'une tension persistance au Yémen où est attendu le médiateur du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Abdellatif Zayani, pour tenter de raviver son plan de sortie de crise, actuellement dans l'imapasse, selon des sources informées à Sanaa.
Des partisans du régime ont ouvert le feu sur une marche de plusieurs dizaines de milliers de protestataires sur la principale avenue de Taëz, deuxième plus grande ville du Yémen devenue l'un des principaux foyers de la contestation populaire, ont indiqué des témoins.
itQuinze blessés par balles ont été admis à l'hôpital de campagne, jouxtant la place de la Liberté, épicentre de la contestation à Taëz, a indiqué à l'AFP une source médicale, ajoutant que l'un des blessés, "touché à la tête, est dans un état de mort clinique".
En outre, des protestataires ont interpellé trois des assaillants qu'ils ont remis à un comité d'organisation de la contestation sur la place de la Liberté, selon les organisateurs.
Un appel à la grève générale, lancé par le mouvement de contestation, était bien suivi à Taëz ainsi que dans les provinces du sud, dont Aden, Lahej et Abyane, mais partiellement à Sanaa et dans la province de Chabwa (sud-est), selon des habitants.
D'autre part, un policier a été tué dans la province d'Abyane par un motocycliste armé, qui a réussi ensuite à prendre la fuite avec un complice, a indiqué à l'AFP un responsable des services de sécurité.
Selon des sources informées, M. Zayani, secrétaire général du CCG, est pourtant attendu samedi soir à Sanaa pour tenter de relancer sa médiation.
Les monarchies du CCG, qui redoutent une situation chaotique au Yémen, le parent pauvre de la Péninsule arabique, ont proposé un plan de sortie de crise prévoyant la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard de M. Saleh en échange de son immunité, puis une élection présidentielle dans les 60 jours.
Mais M. Saleh a refusé de signer ce plan en sa qualité de président de la République, et le Qatar, l'un des six membres du CCG, a annoncé jeudi son retrait de cette médiation en raison de la position du chef de l'Etat.
"L'initiative du CCG est morte. Le Qatar a proclamé l'acte de décès", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole de l'opposition parlementaire, Mohammad Qahtan.
M. Saleh, au pouvoir depuis près de 33 ans, avait menacé vendredi de "se défendre de toutes ses forces" face à ses détracteurs qui réclament son départ.
La répression de la contestation a fait au moins 179 morts depuis fin janvier, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et de sécurité.