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Pour le régime de Damas, la fin du mouvement de contestation est imminente

Dans une interview au "New York Times", une conseillère du président Bachar al-Assad estime que le mouvement de révolte, entamé il y a deux mois, montre des signes d'essoufflement. Le "moment le plus dangereux est derrière nous", dit-elle.

C’est une sortie médiatique d’autant plus remarquée que les officiels syriens n’ont pas l’habitude de s’exprimer dans les médias occidentaux. Boutheina Chaabane, conseillère spéciale du président Bachar al-Assad - qui endosse souvent le rôle de porte-parole - a accordé au "New York Times" une interview  dans laquelle elle affiche la confiance du régime face à la contestation qui secoue le pays depuis deux mois.

Un convoi humanitaire de l’ONU n’a pas pu entrer à Deraa

Lundi, un porte-parole des Nations unies a indiqué que les autorités syriennes avaient empêché une mission humanitaire onusienne d’entrer dans la ville de Deraa, dans le sud du pays. La Grande-Bretagne n’a pas manqué de souligner ce fait à l’ONU, alors que les nations occidentales lancent une nouvelle offensive diplomatique pour tenter d’obtenir des sanctions contre Damas.

"J'espère que nous sommes en train de vivre la fin de cette histoire. Je pense que le moment le plus dangereux est derrière nous. Je l'espère, je le crois", a déclaré la conseillère aux journalistes du quotidien américain, qui ont eu l’autorisation exceptionnelle de pénétrer quelques heures dans le pays pour rencontrer brièvement leur interlocutrice.

Depuis le début du mouvement de contestation, la Syrie est en effet fermée aux journalistes et les rares informations qui filtrent sur les violences entre les forces de l’ordre et les opposants au régime émanent de témoins ou de militants de droits de l’Homme.

Lundi, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a rapporté que les autorités ont procédé à de nouvelles arrestations dans la capitale, Damas, et à Banias, ville située sur la côte méditerranéenne. Depuis le début de la révolte, à la mi-mars, entre 600 et 700 personnes auraient été tuées et au moins 8 000 interpellées, selon des ONG.

À ce sujet, Boutheina Chaabane a justifié dans le "New York Times" l’attitude répressive du régime, qui ne "peut pas être bienveillant avec des gens qui mènent une rébellion armée".

Sanctions "gérables"

La communauté internationale ne partage pas cette analyse. Les sanctions contre 13 responsables syriens et l'embargo sur les armes adoptés par l'Union européenne (UE) pour endiguer "la répression contre la population" sont entrés en vigueur ce mardi.

Parmi ces responsables figure notamment Maher al-Assad, frère cadet du président syrien et chef de la Garde républicaine, a-t-on appris mardi matin. Le chef de l’État, lui, n’est pour l’instant pas visé par les sanctions européennes.

Les États-Unis ont de leur côté imposé des sanctions économiques à des responsables du pays et prévenu vendredi qu'ils pourraient adopter de nouvelles mesures si Damas ne mettait pas fin à la répression.

Mais ces mesures de rétorsion n’entament pas l’optimisme du régime. Dans l’entretien accordé au quotidien américain, la conseillère de Bachar al-Assad estime que ces sanctions sont gérables. "Ceci est un moyen de pression qui a souvent été utilisé contre nous. Tout s’arrangera une fois que notre pays sera de nouveau sûr. Nous n’allons pas vivre cette crise éternellement", assure-t-elle.