L'ex-première dame ivoirienne a été reçue dimanche par le juge chargé de faire la lumière sur les violences post-électorales. Sans ses avocats français : Roland Dumas et Jacques Vergès ont été refoulés vendredi du pays par les autorités ivoiriennes.
Dimanche 8 mai, pour la première fois depuis le début de la crise post-électorale, un navire chargé de fèves de cacao, appartenant à la société Bolloré Africa Logistics, a quitté le port d'Abidjan. La Côte d'Ivoire est, en temps normal, le premier exportateur de cacao au monde, mais la crise politique a entraîné le blocage de près d'un demi-million de tonnes de fèves de la campagne 2011.
Le procureur de la République d'Abidjan a dit avoir entendu dimanche pour la première fois, dans le cadre d'une enquête préliminaire, Simone Gbagbo, l'épouse du président déchu Laurent Gbagbo, à Odienné, dans le nord-est de la Côte d'Ivoire, où elle est assignée à résidence.
Comme pour Laurent Gbagbo, entendu samedi à Korhogo (nord), où il se trouve en résidence surveillée, Mme Gbagbo a été auditionnée sans la présence de ses avocats français, refoulés vendredi à l'aéroport d'Abidjan, faute de visas en règle.
"Simone Gbagbo a été entendue aujourd'hui, sans la présence de ses avocats", a déclaré à l'AFP le procureur, Simplice Kouadio Koffi, joint par téléphone.
Une enquête sur les violences post-électorales
Laurent et Simone Gbagbo ont été entendus dans le cadre d'une enquête préliminaire portant sur la crise née de la contestation du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, au cours de laquelle 3.000 personnes ont trouvé la mort, selon les autorités.
Des accusations d'exactions, de concussion et d'appels à la haine pèsent notamment contre M. Gbagbo, qui avait refusé de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara et a été arrêté à l'issue de quinze jours de combats le 11 avril dans la résidence présidentielle à Abidjan.
Dumas et Vergès persona non grata à Abidjan
Le premier interrogatoire de l'ex-chef d'Etat aurait du se tenir vendredi, mais il avait été reporté, les avocats français de Laurent Gbagbo ayant été refoulés à leur arrivée à l'aéroport d'Abidjan. Leurs visas n'étaient pas en règle.
Mes Jacques Vergès et Marcel Ceccaldi ont dénoncé un "piège" et une "violation des droits de la défense" à leur retour à Paris vendredi soir, demandant un report de l'audition jusqu'à leur arrivée. Le procureur de la République Simplice Kouadio Koffi avait toutefois indiqué à l'AFP que "la présence des avocats, si elle est souhaitable, n'est pas obligatoire".
Il devait se rendre lundi à Katiola (centre), où sont assignées en résidence plusieurs personnalités de l'ancien régime. Au total, quelques 200 personnes doivent aussi être entendues, d'ici la fin du mois de juin, selon le ministère de la Justice.
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