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Les forces syriennes déployées à Homs et Tafas

Après le siège de Deraa et les arrestations à Banias, les chars de l'armée ont investi ce matin d'autres foyers de la contestation syrienne, notamment des quartiers de Homs et de Tafas où sont traqués les activistes de Deraa.

Les manifestants traqués jusqu'à Tafas

Au moins huit chars ont pénétré dans Tafas à l'aube, une ville de la périphérie de Deraa, où des militaires sont entrés dans les maisons pour arrêter des jeunes gens. "Nous savions qu'ils ne nous pardonneraient pas notre solidarité avec Deraa. Ils ont pris pour cible Tafas parce que nombre de jeunes ayant échappé à l'attaque de Deraa y avaient trouvé refuge", a expliqué un habitant de Tafas.

Des chars encerclaient aussi dimanche une ville voisine, Dael, près du grand axe routier menant à la Jordanie. L'armée a accru sa présence dans la région de Hauran, un secteur agricole frontalier de la Jordanie, où le mouvement de contestation a pris de l'ampleur vendredi, mais aussi sur les hauteurs du Golan à la frontière avec Israël.

Les autorités syriennes affichaient dimanche leur détermination à faire taire par la force la contestation sans précédent contre le président Bachar al-Assad, en ordonnant à l'armée d'intervenir tour à tour à Banias (nord-ouest) et à Homs (centre).

En outre, un vétéran de la lutte pour les droits de l'Homme en Syrie, Riad Seif, 64 ans, qui souffre d'un cancer, a été inculpé dimanche pour avoir enfreint l'interdiction de manifester, selon l'avocat Khalil Maatouk.

Tirs de mitrailleuse à Homs, Banias coupée du monde

Les militaires, qui avaient pris position depuis vendredi avec des chars dans le centre de Homs, à 160 km au nord de Damas, ont pénétré samedi soir et dimanche à l'aube dans plusieurs quartiers tenus par les opposants au régime comme Bab Sebaa et Baba Amr, selon un militant des droits de l'Homme.

Des tirs de mitrailleuses lourdes ont résonné dans ces deux quartiers, où l'électricité et les communications téléphoniques étaient coupées, a ajouté ce militant.

Une vidéo publiée sur YouTube montre une vingtaine de camions remplis de militaires se diriger dans la nuit vers Bab Sebaa. Depuis le début de la contestation, Homs, troisième ville du pays avec un million d'habitants, est le théâtre de manifestations quasi-quotidiennes.

D'après l'organisation des droits de l'Homme Insan, 16 manifestants avaient été tués vendredi à Homs quand les forces de sécurité avaient ouvert le feu sur une manifestation qui arrivait à Bab Dreib, dans le centre-ville.

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Les forces syriennes déployées à Homs et Tafas

À Banias, ville de 50 000 habitants sur la côte méditerranéenne, les communications téléphoniques, l'électricité et l'eau ont été coupées, selon Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. "La ville est coupée du monde et dans les quartiers sud, place forte des contestataires, il y a des tireurs embusqués sur les toits", a-t-il ajouté.

Samedi, il y a eu des perquisitions et des arrestations de blessés dans les quartiers sud, où vivent 20 000 personnes, selon M. Abdel Rahmane qui redoutait "une catastrophe humanitaire". Son organisation a précisé que plus de 200 personnes, dont un enfant de 10 ans, avaient été arrêtées entre samedi soir et dimanche matin à Banias.

Selon al-Watan, un journal privé proche du pouvoir, l'armée syrienne livre depuis vendredi soir "une bataille féroce contre des groupes qui utilisent des armes lourdes, des roquettes anti-chars et des mitrailleuses" à Banias et dans ses environs.

Au moins 6 personnes ont péri samedi à Banias : 4 femmes qui manifestaient pour la libération de détenus ont succombé à des tirs des forces de sécurité, selon un militant, puis deux personnes ont été tuées en fin de journée, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui n'était pas en mesure de préciser l'origine des tirs.

L'opposant Riad Seif jugé pour avoir manifesté

L'armée intervient à Homs et à Banias après dix jours de siège de Deraa (sud), épicentre de la contestation. Entrée le 25 avril dans la ville, l'armée a arrêté plusieurs milliers de personnes, selon des militants des droits de l'Homme.

Toujours selon le journal al-Watan, Bachar al-Assad a rencontré samedi une délégation de jeunes Syriens qui "ont évoqué les pratiques violentes de certains agents de sécurité".

"Le président Assad n'a pas démenti ces pratiques et a affirmé qu'il s'agissait de comportements individuels et que le gouvernement œuvrait pour contenir la crise et éloigner la violence", ajoute le journal.

À Damas, Riad Seif, grande figure de l'opposition, "a été déféré devant la justice qui l'a inculpé du crime de manifester", a déclaré M. Maatouk, président du Centre syrien de défense des prisonniers de conscience.

Riad Seif a affirmé au juge avoir été "frappé à la tête par les agents de sécurité" avant d'être arrêté vendredi après la prière près d'une mosquée dans le centre de Damas. Une manifestation contre le régime avait rassemblé plusieurs centaines de personnes vendredi à la sortie de cette mosquée.

Àgé de 64 ans, M. Seif a purgé une peine de deux ans et demi (janvier 2008-juillet 2010) pour avoir appelé à la démocratie dans son pays. Il avait aussi été condamné en 2001 à 5 ans de prison pour avoir voulu "changer la Constitution d'une manière illégale".

Des centaines de manifestants se sont rassemblés samedi devant l'ambassade de Syrie à Londres, déchirant des photos du président Assad en signe de protestation contre la répression qui a fait plus de 600 morts à travers le pays selon les organisations de défense des droits de l'Homme.