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Imed Trabelsi condamné à deux ans de prison ferme

La peine du neveu de l'ex-première dame tunisienne a été prononcée pour consommation de stupéfiants. Mais Imed Trabelsi (au centre), l'un des hommes les plus détestés du régime Ben Ali, devrait faire face à d'autres poursuites.

AFP - La justice tunisienne a prononcé samedi sa première sentence contre un membre de l'ex-famille présidentielle Ben Ali, en condamnant Imed Trabelsi, neveu de l'épouse du président déchu, à deux ans de prison.

L'annonce du verdict est survenue pendant une nouvelle manifestation anti-gouvernementale, forte de plusieurs centaines de personnes, dispersée par les forces de l'ordre à Tunis qui ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes. Plusieurs rafales de tirs de sommation ont été entendues.

"Cette condamnation ne va pas calmer le peuple"

"Imed Trabelsi a été condamné à deux ans de prison et à une amende de 2.000 dinars (environ 1.000 euros) pour consommation de stupéfiants", a déclaré une source judiciaire à l'AFP.

La lecture du verdict devant un tribunal de Tunis en présence du prévenu n'a duré que 30 minutes, selon cette source. La première audience publique dans cette affaire de consommation de stupéfiants avait eu lieu le 20 avril. Imed Trabelsi est sans doute après l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali et son épouse Leïla l'un des hommes les plus détestés de Tunisie.

Arrêté le 14 janvier, jour de la fuite du président déchu en Arabie Saoudite, Imed Trabelsi avait été placé en détention avec d'autres membres de sa famille sur la base militaire à l'Aouina, près de Tunis.

"Cette condamnation ne va pas calmer le peuple qui réclame justice surtout dans cette période difficile", a commenté un militant des droits de l'homme, Mokhtar Yahyaoui, soulignant l'importance d"'informer les Tunisiens sur les autres implications d'Imed Trabelsi et leur faire comprendre qu'il ne s'agit que d'une première condamnation".

Condamner Trabelsi pour tourner la page Ben Ali

Imed Trabelsi avait été poursuivi sans succès en France pour "vols en bande organisée" pour s'être approprié en 2006 le prestigieux yacht de Bruno Roger, l'un des dirigeants de la Banque Lazard et proche de l'ex-président Jacques Chirac et de l'actuel chef de l'Etat Nicolas Sarkozy.

En mai 2007, la justice française avait émis un mandat d'arrêt à son encontre, mais la justice tunisienne avait refusé de l'extrader.

Sa première apparition devant la justice tunisienne, cheveux gominés et costume-cravate, entourés de policiers avait déclenché une vague de haine dans le public.

Sa défense avait fait l'objet d'un vif débat sur la nécessité de le défendre, des avocats affirmant que la chambre correctionnelle était incompétente pour le juger, ne faisant que redoubler la colère du public. Finalement le juge Lassad Chamakhi décidait de reporter le procès au 7 mai.

Mokthar Trifi, président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'homme, déclarait récemment que "chaque personne a droit à un procès équitable quel que soit son crime". "La dignité de chacun doit être préservée et nous sommes tous contre les traitements dégradants".

L'évocation des crimes commis par les Trabelsi, qualifiés de "clan quasi-mafieux" impliqué dans plusieurs affaires d'escroquerie ne tarit pas dans la presse comme dans la rue.

"Il faut que la justice assume son rôle parce que c'est le seul moyen de tourner la page Ben Ali", a estimé Abderrazak Kilani, bâtonnier de l’ordre des avocats de Tunisie.