La 94e édition du Giro, qui débute ce samedi, promet du grand spectacle. Avec pas moins de huit arrivées en altitude, l’édition 2011 du Tour d’Italie est taillée pour les purs grimpeurs. Un terrain de jeu idéal pour le favori, Alberto Contador.
Il y a 150 ans, l’Italie proclamait son unité, acquise dans la douleur. L’organisation du Giro 2011, qui débute ce samedi, souhaite célébrer cet anniversaire en grande pompe.
Le parcours de cette édition, savamment dessiné par son directeur Angelo Zomegnan, a tout d’un hommage. Et les 207 coureurs qui y participent devraient y être, plus que jamais, confrontés à la douleur.
Le tracé du Giro 2011 fait l’unanimité sur un point : jamais un Grand Tour n’a proposé un challenge si relevé. Sur ce circuit presque exclusivement réservé aux grimpeurs purs, huit des 21 étapes proposeront une arrivée en altitude.
Les hostilités débuteront dès la 7e étape avec une longue montée vers Montevergine di Mercogliano, dans la province méridionale de Campanie. Deux jours plus tard, le premier grand temps fort de la course : une double ascension de l’Etna, en Sicile.
Une mise en bouche épicée avant la traversée des Dolomites (étapes 13, 14 et 15), marquée par la traversée du mythique Zoncolan, l'une des routes goudronnées les plus pentues d'Europe, le 21 mai. Le coureur qui sortira en tête du triptyque du Nord-Est aura marqué des points dans l’optique de la conquête du maillot rose.
Mais c’est la 16e étape, un chrono en côte entre Belluno et Nevegal de 12 km, qui pourrait sceller le sort de cette édition 2011. Le leader du classement n’aura pourtant pas course tout à fait gagnée au soir de ce contre-la-montre décisif. Il lui faudra passer sans encombres l’avant dernière-étape, marquée par l’ascension du Colle delle Finestre et ses 16 km de terre.
Un ultime effort qui pourrait peser sur les organismes à l’heure du dernier exercice de ce Giro 2011 : un contre-la-montre de 31 km dans les rues de Milan.
Contador favori, la jeune garde en embuscade
Contraint d’attendre son procès en juin prochain avant d’officialiser sa participation au prochain Tour de France, l’Espagnol Alberto Contador (ESP, Saxo Bank, 28 ans) se présente en Italie avec le dossard de grand favori. Invaincu sur les cinq derniers grands tours auxquels il a participé, "El Pistolero" est toujours le meilleur grimpeur du monde et pourrait ne faire qu’une bouchée de ses adversaires dans ce Giro composé d’étapes accidentées qui semblent dessinées pour lui.
Le leader de la Saxo Bank, en l’absence des frères Schleck, devra néanmoins se méfier de la concurrence de la nouvelle génération, portée par l’Italien Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas, 26 ans). À domicile, le grimpeur sicilien de Liquigas, troisième du dernier Giro, voudra prouver que sa victoire dans la dernière Vuelta n’était pas due au hasard.
Son ancien coéquipier Roman Kreuziger (CZE, Astana, 24 ans), passé leader de l’équipe Astana, aura lui aussi l’opportunité de se mettre en évidence sur les pentes italiennes, s’il parvient à passer un cap. Il devra pour cela faire preuve d’une régularité sans faille.
L’Espagne suivra attentivement le leader d’Euskaltel Igor Anton (ESP, Euskaltel, 28 ans). Le Basque, leader de la dernière Vuelta avant d’être contraint à l’abandon, pourrait être la surprise de cette édition 2011.
Contador devra également se méfier des trentenaires Denis Menchov (RUS, Geox, 33 ans) et Michele Scarponi (ITA, Lampre, 31 ans). Menchov, dont l’équipe Geox n’a pas été invitée au prochain Tour de France, aura à cœur de remporter ce Giro et Scarponi, quatrième l’année dernière, visera un podium sur un parcours qui lui permettra de mettre à profit ses qualités de grimpeur pur.
Dix Bleus pour un bon coup
Avec dix Français engagés sur ce Giro 2011, les chances de victoires tricolores sont minces. Sur un parcours taillé pour les grimpeurs, les Bleus devraient avoir beaucoup de mal à se distinguer.
John Gadret (AG2R La Mondiale) semble celui qui dispose des meilleures armes. Treizième du Giro et 19e du Tour de France en 2010, il pourrait aller chercher un Top 10 - son objectif - s’il se présente au meilleur de sa forme. Sa capacité de résistance en haute montagne pourrait aussi lui permettre de jouer la victoire d’étape sur plusieurs journées de course.
Son coéquipier Mikael Cherel, l’un des grands espoirs du cyclisme français à tout juste 24 ans, sera dans sa roue pour apprendre et, pourquoi pas, tirer son épingle du jeu si les circonstances de course sont propices.
En cas de contre-performance de l’équipe AG2R, dont l’effectif représente 60 % du contingent français engagé sur ce Giro, la lumière pourrait venir de Christophe Le Mével, propulsé leader de l’équipe Garmin-Cervelo. Le coureur breton vise lui aussi un Top 10.
Il faudra enfin surveiller Brice Feillu (Team Leopard-Trek), qualifié de dernière minute après le forfait de Daniele Bennati, et Jérôme Pineau (Quick Step), toujours prompt à s’inviter dans les bons coups des étapes promises aux baroudeurs.