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Un Chinois ouvre la valse des introductions en Bourse des médias sociaux

Le principal réseau social chinois, RenRen, effectue son introduction en Bourse. Valorisation attendue : environ 5 milliards de dollars. Un succès qui montre l’engouement des investisseurs pour le web social et l’économie chinoise.

Ca bouge sur le front des médias sociaux en Chine. Alors que Facebook négocierait son implantation dans l’ex-Empire du milieu, un acteur local fait un grand bond boursier en avant. RenRen, le principal réseau social made in China avec 140 millions d'utilisateurs, arrive à Wall Street mercredi. Ce "Facebook chinois" devient même le premier acteur du web social au monde à mettre ses deux pieds sur les marchés financiers.

Et l’opération s’annonce juteuse. L’introduction en bourse, qui sera bouclée jeudi, doit valoriser RenRen à près de 5 milliards de dollars, soit 67 fois les revenus réels de la société (77 millions de dollars en 2010). Un grand écart qui doit faire pâlir d’envie le petit monde des médias sociaux. Même Facebook n’arrive pas à engendrer un tel engouement. La valeur boursière du roi de cet univers 2.0 est estimée à près de 70 milliards de dollars, soit "seulement" 25 fois ses revenus. Qu’est-ce qui explique alors le succès de RenRen ? Il tient en trois mots : Facebook, Chine et médias sociaux.

La comparaison avec le grand frère américain ne s'arrête pas seulement à la dimension réseau social. A l’instar de Facebook, le site chinois a vu le jour en décembre 2005 comme un portail pour étudiants. Par la suite, il a conquis un plus large public, sous l’impulsion de son PDG Joe Chen qui a copié chaque fonctionnalité de Facebook (Connect, Places, Groups etc.).

Reste que des différences existent. D’abord, le site se plie à la censure étatique et ne sera probablement jamais un vecteur de révolution comme a pu l’être Facebook dans les pays arabes. Mais RenRen est aussi beaucoup moins dépendant de la publicité qui ne représente que 40% de ses revenus contre plus de 70% pour Facebook. Le reste provient des jeux maison qui font un tabac parmi les utilisateurs du site.

Le premier d’une longue série

Et puis RenRen est Chinois. "La société est peut-être surévaluée, mais les gens vont acheter des actions quoi qu’il arrive [parce que c’est Chinois]", a estimé Darren Fabric, le directeur d’un fond d’investissement de Chicago sur Bloomberg mardi. La dizaine de sociétés chinoises de nouvelles technologies qui ont fait une introduction en bourse ces derniers mois ont toute réussi leur coup. Le cours de certaines entreprises – comme DangDang l’équivalent chinois d’Amazon – a même gagné 50% en quelques jours après leurs premières cotations.

En outre les investisseurs sont alléchés par le potentiel de croissance de RenRen. Le réseau social a gagné 19% de nouveaux inscrits en un an. Et avec une population de 400 millions d’internautes chinois, RenRen a encore de la marge.

Enfin, tout ce qui touche aux médias sociaux semble valoir de l’or aux yeux des investisseurs. A tel point qu’une véritable bulle spéculative semble s’être formée à la Silicon Valley (haut lieu américain des nouvelles technologies). RenRen, en tant que premier acteur de ce secteur à faire son entrée en bourse, porte les espoirs de tous ceux qui parient sur les médias sociaux.

Après RenRen, d’autres groupes plus connus du public occidental, doivent bientôt franchir à leur tour le pas boursier. Le réseau social professionnel LinkedIn, le géant du jeu vidéo sur Facebook Zynga et le site d’achat groupé Groupon sont attendus à Wall Street dès cette année. Le grand manitou du secteur, Facebook, a laissé entendre qu’il n’envisage une introduction en bourse que l’année prochaine