
Leon Panetta, patron de la l'Agence de renseignement américaine qui a supervisé la traque, a déclaré qu'il n'avait pas prévenu les autorités pakistanaises avant de donner l'assaut. "Ils auraient pu alerter les cibles", a-t-il expliqué.
AFP - Les Etats-Unis n'ont pas informé le Pakistan de l'opération contre Oussama Ben Laden car il "aurait pu alerter" le chef d'Al-Qaïda de l'imminence du raid, a déclaré le directeur de la CIA, Leon Panetta, dans un entretien au magazine américain Time.
"Nous avons décidé qu'une collaboration avec les Pakistanais risquait de mettre en péril la mission : ils auraient pu alerter les cibles", affirme le patron de l'Agence de renseignement responsable de la longue traque de l'homme le plus recherché du monde.
La présence même de "Geronimo" - le nom de code attribué à Ben Laden pour cette opération - dans cette résidence située à Abbottabad, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale pakistanaise n'était pas totalement avérée, confie M. Panetta, qui évoque des "preuves indirectes".
Les satellites américains n'avaient pas réussi à identifier Ben Laden ni aucun membre de sa famille, en dépit de tous les renseignements qui avaient permis de remonter jusqu'à cet immeuble.
Les analystes de la CIA estimaient entre 60 à 80% de chances que le chef d'Al-Qaïda se trouvait là, selon lui.
"A cause des mesures de sécurité dans la résidence, nous en étions probablement arrivés à un point où nous avions tous les renseignements que nous pouvions obtenir", explique-t-il.
Leon Panetta relate également avoir dit à son équipe : "Quand vous mettez tout ça ensemble, nous avons les meilleures informations depuis Tora Bora et il devient évident que nous avons l'obligation d'agir".
La dernière fois que les Etats-Unis avaient localisé Oussama Ben Laden remonte à la fin de l'année 2001 lorsqu'il s'était réfugié dans les montagnes de Tora Bora, dans l'est de l'Afghanistan. Les Américains avaient bombardé la zone pendant de nombreuses semaines mais il avait réussi à s'échapper.
Un bombardement à l'aide d'avions furtifs B-2, qui auraient décollé des Etats-Unis pour venir frapper la résidence, ou une "frappe directe" à l'aide de missiles de croisière Tomahawks avaient été envisagés selon le directeur de la CIA, puis exclus car elles risquaient de provoquer "beaucoup trop de dommages collatéraux".
Vendredi, M. Panetta a donc relayé l'ordre du président Barack Obama d'envoyer des commandos à bord d'hélicoptères au général William McRaven, le patron de toutes les forces spéciales du pays.
La mission, lui a-t-il dit, est d'"aller y chercher Ben Laden et si Ben Laden n'y est pas, foutez le camp", relate-t-il à Time.
Deux jours plus tard, pendant l'opération, Leon Panetta se trouvait dans un centre de commandement de la CIA à Langley (Virginie, est) avec son équipe.
Lorsque le général McRaven lui a appris que Ben Laden avait été identifié après avoir été tué dans l'assaut, "nous avons poussé un grand ouf de soulagement", souffle-t-il.
Quinze minutes plus tard, les forces spéciales quittaient la résidence à bord des hélicoptères. A la CIA, la salle de commandement a applaudi.
Au cours de leur mission, les Navy Seals ont récupéré une "quantité impressionnante" de documents et équipements électroniques, a confirmé M. Panetta.
Selon le Time, des rapports de Renseignements indiquent que l'une des femmes d'Oussama Ben Laden, qui a survécu à l'assaut, a dit que la famille vivait dans cette résidence depuis 2005, l'anné où elle a été construite.